Il était évident depuis longtemps
que le féminisme devrait entrer en collision un jour où l’autre avec le
multiculturalisme. Importer en masse sur le sol européen des populations aux
mœurs « patriarcales », pour reprendre le vocabulaire féministe, ne
pouvait manquer de finir par poser quelques problèmes pour la société
sexuellement neutre dont rêvent les féministes certifiées.
La question qui se posait aux
esprits un peu clairvoyants était dès lors : lorsque surviendra le choc
inévitable, qu’est-ce qui l’emportera, du féminisme ou de l’antiracisme ?
Après les agressions sexuelles de
masse ayant eu lieu à Cologne, la contradiction au sein du projet progressiste
a été exposée en pleine lumière, de sorte que plus personne ne peut
sérieusement feindre de l’ignorer.
Et la réponse à la question
semble bien être : en cas de conflit l’antiracisme l’emporte sur le
féminisme, comme le montre par exemple la réaction de l’über-féministe Caroline
de Haas sur Twitter : « Ceux qui me disent que les agressions
sexuelles en Allemagne sont dues à l’arrivée des migrants : allez déverser
votre merde raciste ailleurs. »
Bien entendu, il existe aussi de
nombreuses femmes (et hommes) qui se disent féministes et qui alertent sur le
fait que l’importation massive de populations arabo-musulmanes représente un
danger pour le projet d’égalité des sexes, bref qui ne se voilent pas la face
devant la source réelle du péril.
Mais il est à craindre que cette
tentative de faire prévaloir le féminisme sur l’antiracisme soit vouée à
l’échec. C’est que le féminisme « modéré » dont il est question est
en réalité un féminisme incohérent, qui tente, souvent sans le savoir, de mêler
des conceptions incompatibles.
En témoigne par exemple ce
paragraphe extrait de l’article en lien : « L’égalité entre les
hommes et les femmes est un acquis fondamental de notre civilisation. La France
est le pays où la conversation de salon entre hommes et femmes émerveillait les
observateurs étrangers au XVIIe siècle. C’est aussi la patrie de Simone de
Beauvoir, qui a produit le texte fondateur du féminisme au XXe siècle, où elle
démontre que la place sociale des femmes (et non pas leur sexe ou leur
sexualité) est une construction culturelle. »
Voir une continuité entre la
mixité des sexes dans les salons de l’Ancien Régime et l’œuvre de Simone de
Beauvoir, c’est ignorer que les deux sont diamétralement opposés. La première
repose en effet sur la reconnaissance des différences naturelles entre les
hommes et les femmes, alors que la seconde nie farouchement l’existence de ces
différences : « on ne nait pas femme : on le devient. »
Depuis l’apparition des premières
revendications féministes, grosso modo au début du 19ème siècle, le
féminisme a changé de nature. Les premières féministes, comme Mary Wollstonecraft
ou Olympe de Gouges, demandaient que les femmes puissent jouir des mêmes droits
politiques que les hommes, qu’elles puissent elles aussi accéder à
l’instruction, que les lois cessent de favoriser les hommes comme elles le
faisaient traditionnellement.
Pour autant ces premières
féministes n’affirmaient aucunement que les hommes et les femmes sont
identiques. Elles reconnaissaient qu’il existe des différences naturelles entre
les deux sexes, des différences non seulement physiques mais aussi
psychologiques. Par conséquent le féminisme originel ne s’opposait pas à une
certaine division sexuelle du travail, et notamment au rôle prépondérant des
femmes au sein du foyer (même s’il voulait à l’évidence assouplir ces rôles).
Le féminisme à la Simone de
Beauvoir prétend en revanche « émanciper » radicalement les femmes,
c’est-à-dire les libérer de toutes les prétendues différences de nature entre
les sexes, qui ne sont jamais rien d’autre que des « constructions
sociales » destinées à opprimer les femmes. Le féminisme post-Beauvoir
prétend libérer les femmes de la féminité, notamment en les incitant à
pratiquer une sexualité « virilement indépendante » et en rejetant les
contraintes de la maternité. L’avortement est un brevet de féminisme.
Cette différence essentielle
entre les deux sortes de féminisme est la plupart du temps purement et
simplement ignorée par les féministes « modérées », faute d’avoir une
bonne connaissance de l’histoire du mouvement dont elles se revendiquent, ainsi
que des questions philosophiques qui sont à l’origine de cette différence.
Ainsi, dans la plupart des textes issus de cette mouvance, ne sait-on jamais
clairement de quelle égalité il est question : est-ce l’égalité des
droits, ou bien « l’égalité des conditions de vie » - ce que l’on
pourrait appeler la société sexuellement neutre, dans laquelle hommes et femmes
sont censés être interchangeables ?
Cependant, le fait même que cette
question ne soit pas explicitement tranchée indique assez clairement que, au
fond, les féministes « modérées » sont du côté de Simone de Beauvoir
et non de celui de Mary Wollstonecraft, car il y a beau temps que l’égalité
devant la loi réclamée par la seconde a été réalisée. En réalité, les
féministes « modérées », elles aussi, rejettent l’idée qu’ils
pourraient exister des différences naturelles entre les hommes et les femmes.
Elles considèrent que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas
complète, car elles voient bien que, même au sein des sociétés démocratiques
comme la nôtre, hommes et femmes continuent à montrer, de manière générale, des
goûts et des talents différents, à se comporter de manière différente, ce
qu’elles attribuent spontanément aux « stéréotypes sociaux » dont
seraient victimes les femmes.
Et c’est à ce point que le
féminisme, qu’il soit « modéré » ou pas, succombe inévitablement
devant les revendications de « l’antiracisme ». Car « l’antiracisme »
est lui aussi un rejet de la notion de nature humaine. Il n’est pas seulement
l’affirmation que « les races humaines n’existent pas », il est plus
largement l’affirmation que la nature de l’être humain est de ne pas avoir de
nature, que l’être humain est un pur être de culture, bref que les individus
sont malléables pratiquement à volonté, qu’ils peuvent devenir n’importe quoi
pourvu qu’ils reçoivent la bonne éducation. Ce pourquoi mélanger les peuples ne
saurait aucunement poser problème : un paysan anatolien musulman peut
parfaitement devenir un Français (ou un Allemand, ou un Anglais, ou ce que l’on
voudra) comme les autres, pourvu seulement qu’on lui inculque les bons
principes (« républicains ») et qu’on lui offre les mêmes
opportunités qu’à tous les autres, bref qu’on le protège des
« discriminations. »
Pour le ou la féministe actuelle,
hommes et femmes sont interchangeables, pour l’antiraciste les êtres humains
sont interchangeables. L’antiraciste applique donc le même principe fondamental
que la féministe, mais avec plus de cohérence. Si les évidentes différences
entre les sexes ne sont pas naturelles et peuvent être effacées par une
éducation et des institutions appropriées, pourquoi n’en irait-il pas de même
pour des différences dont le caractère naturel est beaucoup moins évident, comme
les différences de mœurs, de religion, de « culture » ?
Sûrement, qui peut le plus peut le moins.
A l’inverse, émettre des doutes
sur le fait qu’il soit possible de transformer autant de paysans anatoliens
musulmans qu’on voudra en bon petits soldats de la République et du féminisme,
c’est inévitablement mettre en doute le fait qu’il soit possible de transformer
les hommes en femmes, et inversement. Qui ne peut pas le moins ne peut pas le
plus.
Par conséquent, la féministe « modérée »
est condamnée à élever de vaines protestations lorsque les impératifs de
l’antiracisme commandent de ne pas voir ce que nous voyons, comme à Cologne, et
à reconnaitre finalement, à contrecoeur, que tout cela pourra s’arranger avec
plus d’éducation à la « citoyenneté » et au « respect. »
Bref, le féminisme « modéré » est condamné à accompagner le désastre
tout en le déplorant.
On a connu des positions plus
confortables.
Toutefois, il est aussi possible,
bien que peu probable, que la pression des événements et l’évidence du danger
grandissant amènent les féministes « modérées » les plus
intelligentes à réexaminer leurs positions, et à rompre avec le féminisme
contemporain, qui, lentement mais sûrement, est en train de se transformer en
complice de l’oppression bien réelle des femmes musulmanes, en attendant de
donner sa bénédiction à l’oppression qui atteindra toutes les femmes d’Europe
au fur et à mesure que les mœurs arabo-musulmanes gagneront du terrain.
Si cela était le cas, l’immigration
de masse qui afflige l’Europe, et qui est si désastreuse par ailleurs, aurait
été l’origine d’un grand bien, et nous aidant à sortir de l’utopie destructrice
de la société sexuellement neutre.
Nous avons grand besoin de
retrouver des rapports entre les sexes qui soient appuyés sur des principes
plus raisonnables que ceux que nous professons actuellement. Peut-être la
misogynie et la brutalité des mœurs arabo-musulmanes pourra t-elle y contribuer,
paradoxalement. Il y a des exemples dans l’histoire, plus nombreux qu’on ne
pense, où un bien sort d’un mal, et même d’un très grand mal. Ce qui ne diminue
pas le mal, ni ne l’excuse, mais du moins permet de continuer à espérer que
tout ne va pas systématiquement vers le pire.
Je me suis régalé à vous lire. Merci.
RépondreSupprimerDidier Bous
Mais de rien.
SupprimerExcellent article, qui formule de façon claire des réflexions qui tentaient de prendre forme en moi. Merci beaucoup !
RépondreSupprimerMy pleasure.
SupprimerSommes-nous certains que les femmes soient moins racistes que les hommes ?
RépondreSupprimerJe ne vois pas pourquoi elles le seraient.
SupprimerBien belle analyse cher Aristide !
RépondreSupprimerCe qui me surprend le plus dans cette affaire est le culot absolument incroyable dont ont fait preuve les diversités visibles et tripotantes dont nous parlons ici ! Contrairement aux gauchistes extrémistes de la mauvaise foi, le citoyen " basique" est absolument effaré par cette affaire et c'est peu de dire que la représentation du migrant musulman a été entachée . Pourquoi donc ne se sont -ils pas retenus ? En sont -ils incapables ? Ont -ils (stupidement) un sentiment de toute puissance, ou, comme je l'ai lu ici ou là, ont -ils reçu des consignes leur demandant d'humilier leurs hôtes (et si oui à quoi leur sert de risquer un rejet de la part des populations autochtones ) ?
Je vous avoue que je ne sais pas. Il y a dans cette affaire un côté manifestement prémédité, ou du moins organisé, que je ne m'explique pas encore.
SupprimerOrganisé?
SupprimerPeut-être.
Mais déjà ceci, dans les Racines du Futur de Le Gallou(pdf lisible en ligne) :
Page 32
"Le fait statistique est là : l’urbanisation engendre la criminalité, notamment en ce qui concerne les grandes agglomérations et les villes nouvelles. Reste à fournir de ce phénomène une explication générale. Un élément pourrait en être trouvé dans les travaux des biologistes Calhoun et Holst, qui ont observé les effets de l’entassement sur des populations de rats et de primates : les agressions et crimes sexuels augmentent proportionnellement à la densité de la population. N’est-ce pas précisément le même comportement que l’on observe dans les grandes villes ? Les éthologues considèrent cette analogie comme acceptable d’un point de vue scientifique : pour eux, l’instinct territorial remplit des fonctions comparables chez l’homme et chez les autres espèces animales. C’est cette prise de position que résume E.T. Hall, lorsqu’il parle de la « dimension cachée », « celle, dit-il, du territoire de chaque être vivant, de l’espace nécessaire à son équilibre. Des expériences nombreuses ont prouvé que des animaux placés en condition de surpeuplement dégénéraient, se suicidaient ou adoptaient un comportement aberrant. Il en va de même pour l’homme»... à ceci près que la dimension cachée, chez l’homme, est culturelle.
et Page 39 la notion de violence exploratrice
Il s'agit là, estime Eibl-Eibesfeldt, d'un engrenage dangereux : « D'après Hassenstein, il ne faut pas s'attendre à ce que les provocations soient apaisées par la satisfaction des souhaits et des exigences présentées. Bien au contraire, ces
capitulations ne font que provoquer de nouvelles escalades. L'agresseur veut se situer, déterminer son infériorité ou sa supériorité en mesurant les forces en présence. Il ne faut pas compter qu'il s'imposera des bornes volontairement et sans lutte"
Je vous présente mes voeux bien sincères pour cette nouvelle année. Qu'elle vous soit un fameux millésime!
Hypemc
Un vrai plaisir de lecture et un concentré de fines analyses !
RépondreSupprimerJe crains que ni le féminisme, ni l'antiracisme ne sortiront vainqueur du choc des civilisations, ou tout du moins des peuples. À cette allure et avec les tordus au pouvoir, je redoute une montée en puissance orientale en Europe qui finira dans le sang.
En tous les cas, bien content de vous relire.
En plus, cela fait sortir cette chère Dixie de sa tanière !
Je profite de l'occasion pour vous présenter mes meilleurs vœux de nouvelle année.
Cordialement
Merci. Meilleurs voeux à vous aussi.
SupprimerIl faut quand même reconnaître qu'il y a un certain paradoxe à se gargariser, jusqu'à la nausée, des "droits de l'homme", à exalter sans pudeur les "valeurs de la république", et à accueillir sans broncher (ou plus exactement, avec une bienveillance évidente) cette invasion arabo-musulmane qui n'a en tête que les devoirs et les interdits de sa "religion" arriérée et rétrograde qu'elle se croit appelée à les imposer au monde entier...
RépondreSupprimerJe crois qu'en adaptant légèrement ce qu'écrit Pierre Manent vous avez la réponse :
Supprimer"Encore une fois, pour nous désormais seules sont légitimes l’individu et l’humanité, les communautés intermédiaires où vivent effectivement les hommes, comme les nations et les Eglises, n’ayant aucune légitimité propre, et même portant le stigmate de rompre l’unité humaine. Mais, dira-t-on, cette délégitimation des communautés devrait inclure ou impliquer celle de l’islam : pourquoi la communauté musulmane est-elle la seule à recevoir la reconnaissance sans réserve et l’autorisation plénière de l’opinion gouvernante ?
La raison la plus déterminante, je crois, est la suivante. Pour ceux qui décident de ce que nous avons le droit de dire et de penser, l’islam n’est pas considéré comme une association, ou une communauté. Il n’est pas considéré pour lui-même. Il doit être accueilli sans réserve ni question afin de vérifier que l’Europe est bien vide de toute substance commune, nationale ou religieuse. Le refus de traiter l’islam comme une réalité sociale ou en général humaine n’a rien à voir avec l’islam, mais tout avec la conscience de soi de l’Europe. Dès lors, que les droits humains soient éventuellement moins bien garantis, dans l’association musulmane que dans les vieilles nations résiduellement chrétiennes, n’entraine nulle indulgence pour ces dernières, nulle réticence à l’endroit de l’islam, au contraire. Il ne s’agit pas de comparer les caractères respectifs, y compris les forces et les faiblesses, des diverses associations humaines, il s’agit de vérifier l’absence de toute chose commune – politique ou religieuse – en Europe, et la présence non entravée de l’islam est le marqueur par excellence de cette éviscération spirituelle, précisément parce qu’il a été, au long des siècles l’ennemi par excellence de la chrétienté et que ses mœurs sont aujourd’hui les plus éloignées de celles de l’Europe des droits de l’Homme."
J' ajoute ma voix aux commentaires précédents et vous souhaite Aristide une belle année 2016.
RépondreSupprimerOn a affaire à une déroute en ordre du féminisme !
Et pourtant Maw Raabe avait chanté que " Für Frauen Ist Das Kein Problem"
https://www.youtube.com/watch?v=Y8OVbxnlZQ0
Merci. Bonne année à vous aussi.
SupprimerTout cela reste assez logique, en fait : le bon vieux sexisme patriacal, c'est juste du bourgeois poussiéreux émasculé depuis déjà longtemps, tandis que le racisme, bordel, c'est carrément le ventre immonde encore fécond, hitler, himmler, heydrich, eckart et tutti quanti.
RépondreSupprimerEt on rigole pas avec ce ventre immonde encore fécond.