Le 16 juin 1858, Abraham Lincoln
prononçait, devant la convention qui venait de le choisir comme candidat à
l’élection sénatoriale pour l’Illinois, un discours resté justement célèbre qui
s’ouvrait par les mots suivants :
« Si nous pouvions d'abord
savoir où nous sommes, et vers quoi nous tendons, nous pourrions mieux juger de
ce qu'il faut faire, et comment le faire. Nous sommes maintenant bien avancés
dans la cinquième année, depuis qu'une politique a été initiée, avec l'objectif
avoué, et la promesse confiante, de mettre fin à l'agitation esclavagiste. Sous
l'effet de cette politique, non seulement cette agitation n'a pas cessé, mais
elle s'est constamment accrue. A mon avis, elle ne cessera pas, jusqu'à ce
qu'une crise soit atteinte et dépassée -
« Une maison divisée contre
elle-même ne peut tenir. »
Je crois que ce gouvernement ne
saurait subsister en étant, de manière permanente, à moitié esclavagiste et à
moitié libre. Je ne m'attends pas à ce que l'Union soit dissoute - je ne
m'attends pas à ce que la maison s'écroule - mais je m'attends à ce qu'elle
cesse d'être divisée. Elle deviendra tout l'un ou tout l'autre. »
Trois ans plus tard, la guerre
civile commençait. Elle allait durer quatre années, au terme desquelles, comme
Lincoln l’avait prédit, la maison américaine retrouverait son unité, avec
l’abolition de l’esclavage.
Cent cinquante-cinq ans après la
fin de cette guerre, qui reste la plus meurtrière que les Etats-Unis aient
connu à ce jour, les Américains sont-ils à nouveau sur le point de se
déchirer ? La république américaine est-elle redevenue cette « maison
divisée contre elle-même » dont parlait Lincoln ?
Cette question est au cœur du
dernier livre de Christophe Caldwell, intitulé The Age of entitlement,
bien que celui-ci ne la pose jamais explicitement.
Christopher Caldwell est un journaliste
américain, mais le terme « journaliste » ne rend pas justice à
l’ampleur de ses vues, à l’étendue de sa culture et à la profondeur de ses
analyses. Il serait plus exact de dire que Caldwell est un analyste politique,
l’une de ces personnes qui se demandent inlassablement « où nous sommes,
et vers quoi nous tendons », et qu’il est l’un des meilleurs analystes
politiques américains actuellement en exercice. Son livre précédent Reflections
on the Revolution in Europe, paru en 2009 (et publié en français en 2012
sous le titre « Une révolution sous nos yeux »), décrivait
l’islamisation de l’Europe et le « séparatisme » à l’œuvre dans un
pays comme la France, dix ans avant que nos gouvernants acceptent enfin
d’ouvrir les yeux sur le phénomène.
The age of entitlement
(que l’on pourrait traduire par « l’ère des droits acquis » ou,
peut-être plus précisément encore, par « l’ère des privilèges ») est
sous-titré « America since the sixties », et Caldwell brosse en
effet une vaste fresque de l’évolution des Etats-Unis ces soixante dernières
années, avec un art très sûr de l’anecdote ou du détail révélateur. Mais tous
les panneaux, en apparence très divers, qui composent cette fresque sont unis
par un thème commun : le changement de régime politique qui a été induit
par ce que l’on a appelé « le mouvement des droits civiques ». Le mot
changement de régime n’est pas trop fort, car la thèse de Caldwell est que,
avec la législation sur les droits civiques, adoptée en 1964, les Etats-Unis se
sont donnés, sans vraiment le vouloir ni le comprendre, une nouvelle
Constitution, essentiellement incompatible avec la Constitution officielle.
« Une grande partie de ce
que nous avons appelé "polarisation" ou "incivilité" ces
dernières années, écrit Caldwell, est quelque chose de plus grave - c'est un
désaccord sur laquelle des deux constitutions doit prévaloir : la constitution de
jure de 1788 avec toutes les formes traditionnelles de légitimité
jurisprudentielle et des siècles de culture américaine derrière elle ; ou la
constitution de facto de 1964, qui n'a pas ce type de légitimité
traditionnelle mais qui commande l'approbation quasi unanime des élites
judiciaires et des faiseurs d’opinion ainsi que l'allégeance passionnée de ceux
qui l'ont reçue comme une libération. »
Le Civil Rights Act de 1964,
voulu par le président Johnson et accepté sans beaucoup de réflexion par un
pays encore sous le choc de l’assassinat du président Kennedy, avait pour objet
de mettre fin au système de discrimination raciale qui persistait dans les
Etats du sud (dites lois « Jim Crow »). Il interdisait la
discrimination raciale dans les bureaux de vote (titre I), les hôtels, les
restaurants et les théâtres (titre II), les installations publiques, des
bibliothèques aux piscines en passant par les toilettes (titre III) et les
écoles publiques (titre IV).
Mais il donnait également au
gouvernement fédéral le pouvoir de réformer et d'abolir certaines institutions
qui faisaient obstacle à l'égalité raciale et d'en créer de nouvelles. En développant
la Commission fédérale des droits civils (Titre V) ; en soumettant à un examen
bureaucratique minutieux toute entreprise ou institution qui recevait de
l'argent du gouvernement (Titre VI) ; en établissant des pratiques d'embauche
pour toutes les entreprises de plus de 15 employés et en créant une nouvelle
agence présidentielle, la Commission pour l'égalité des chances en matière
d'emploi (EEOC), dotée du pouvoir d'intenter des procès, de mener des enquêtes
et d'ordonner des réparations (Titre VII), etc.
« En faisant tout cela, écrit Caldwell, la loi a encouragé et incité les bureaucrates, les avocats, les intellectuels et les agitateurs politiques à devenir les « yeux et les oreilles », voire les fantassins, de l'application des droits civils. »
Le problème de cette chasse à la
discrimination est que celle-ci se heurte très vite à une liberté fondamentale
censée être garantie par la Constitution des Etats-Unis : la liberté
d’association. Dès lors que les pouvoirs publics se donnent pour mission de faire
disparaitre les « discriminations », ils se donnent inévitablement
pour mission de scruter tous les choix privés afin de s’assurer que ces choix
ne reposent pas sur des critères « discriminatoires » prohibés par la
loi.
Non seulement une confrérie ou un
club privé ne peut pas être interdit aux Noirs, ou aux Juifs, ou à qui on
voudra, mais un employeur ne peut pas être libre de recruter qui il veut sur
les critères de son choix, un propriétaire ne peut pas être libre de louer son
bien à qui il veut sur les critères de son choix, et ainsi de suite. Comme
l’expliquait le philosophe Léo Strauss dès 1962 : « L'interdiction de
toute « discrimination » signifierait l'abolition de la sphère privée, la
négation de la différence entre l'État et la société, en un mot, la destruction
de la société libérale. »
Au fil du temps, de plus en plus
d'institutions du pays sont donc tombées dans l’orbite de la loi et ont été
scrutées attentivement pour voir si, par hasard, elles ne pratiqueraient pas
une forme ou une autre de « discrimination ». Et, aujourd’hui, plus aucune n’échappe
à cette inquisition soupçonneuse.
Mais le mouvement sur des droits
civiques était, comme son nom l’indique, plus que le seul Civil Rights Act. Il
était une révolution morale et intellectuelle, un bouleversement des mœurs et
des institutions, que Caldwell résume de la manière suivante : « La
réinterprétation de toute l'histoire américaine et de la finalité du régime
américain à la lumière de son problème racial est le principal héritage
idéologique de ces cinquante dernières années (…) La race fut investie d'une
signification religieuse. Elle devint un principe moral absolu. On
pourrait même dire que le mouvement des droits civiques, à l'intérieur et à
l'extérieur du gouvernement, est devenu une institution doctrinale, analogue
aux églises officielles dans l'Europe pré-démocratique. »
En investissant les pouvoirs
publics de la mission « sacrée » de mettre fin aux discriminations
raciales, les Américains, sans le comprendre ni le vouloir, ont donc abdiqué la
liberté essentielle de s’associer avec qui ils le souhaitent dans presque tous
les domaines de l’existence, non seulement à titre individuel mais, ce qui est
peut-être plus grave encore, aussi à titre collectif, en tant que peuple.
En octobre 1965 la loi
Hart-Celler fut promulguée par le président Johnson. Cette loi changea
fondamentalement la politique américaine d’immigration en abolissant les quotas
basés sur la nationalité qui existaient depuis 1924. Le système des quotas
nationaux avait pour but de préserver la composition ethnique des Etats-Unis,
en réservant l’essentiel des quotas aux immigrants venus de l’Europe
occidentale. Au moment du vote de la loi Hart-Celler, les trois quarts des
immigrants admis annuellement aux Etats-Unis venaient de Grande-Bretagne,
d’Allemagne, de l’Irlande, de l’Italie ou de la Pologne. Mais, désormais, la
notion de quotas nationaux était assimilée à une discrimination impie et la
volonté de préserver la composition ethnique de la population américaine à une
manifestation de racisme. Désormais, l’esprit des lois relatives à
l’immigration serait que les Etats-Unis n’avaient pas le droit moral de
sélectionner ceux qui désiraient s’installer dans le pays.
Les conséquences de la loi
Hart-Celler dépassèrent de très loin ce que ses promoteurs attendaient, même
dans leurs estimations les plus folles. Durant les quelques trois cent
cinquante ans qui s’étaient écoulés entre sa découverte et le vote de la loi
Hart-Celler, l’Amérique avait reçu quelques 43 millions de nouveaux arrivants,
y compris les esclaves. Dans le demi-siècle suivant elle en recevrait près de
60 millions. Les projections démographiques montrent aujourd’hui que les Blancs,
qui formaient presque 90% de la population en 1965, seront devenus minoritaires
aux alentours de 2040.
Puis, d’autres libertés que les
Américains considéraient comme leur héritage le plus précieux, leur furent
également ôtées à mesure que la révolution des droits civiques déployait toutes
ses conséquences, à commencer par la liberté de paroles.
En 1964, tout le monde
s’attendait à ce que les Noirs, une fois définitivement libérés des lois et des
pratiques injustes qui les avaient tenus à l’écart du reste de la société, progressent
très rapidement dans tous les domaines et rejoignent les autres Américains du
point de vue des grands indicateurs économiques et sociaux : niveau de
vie, niveau d’études, etc. Bref, tout le monde s’attendait à ce que la
population noire participe elle aussi pleinement au « rêve
américain », comme l’avaient fait tant d’autres avant eux venus des quatre
coins du monde. Mais très rapidement ces espérances furent déçues. Dans tous
les domaines, les Noirs progressaient beaucoup moins vite qu’espéré, voire même
régressaient.
La famille noire connaissait une
désintégration rapide, avec une croissance exponentielle des naissances hors
mariage et des familles monoparentales. A partir du début des années 1960, une
vague de crimes déferla sur le pays, les Noirs formant une part tout à fait
disproportionnée à la fois des criminels et des victimes. De 1976 à 2005, les
Noirs ont commis plus de 52% des meurtres aux Etats-Unis. En 2011, à la fin du
mandat de Barack Obama et alors que la vague de crime avait grandement reflué
depuis la mi-90, les Noirs représentaient toujours près de 40% des individus
arrêtés pour crimes violents. A l’université, les Noirs ne représentaient
toujours qu’une fraction désespérément faible des étudiants capables, au vu de
leurs résultats scolaires, d’intégrer les meilleurs établissements. Et ainsi de
suite.
De cette distance béante entre la
réalité et ce qu’elle était censée être, naquit une nouvelle forme de censure,
à qui l’on donna le nom de « politiquement correct. » Rapidement, il
devint extrêmement risqué d’évoquer en public certaines situations et
d’entretenir certaines hypothèses. La seule explication admissible à l’échec
patent des Noirs dans tant de domaines était que le racisme et la
discrimination étaient plus que jamais à l’œuvre, en dépit du fait que les lois
avaient changé et que les « discriminations » étaient traquées
toujours plus agressivement par une multitude d’organisations tant publiques
que privées. Par conséquent, il fallait redoubler d’efforts pour mettre fin à
ces « discriminations » et ceux qui osaient déroger à cette unanimité
dans le diagnostic et le remède étaient accusés d’entretenir un « climat
hostile » à l’égard des minorités, et ainsi de contribuer à leur échec.
Discuter librement de la réalité et suggérer, par exemple, que peut-être
l’échec des Noirs n’était pas entièrement dû au racisme de la population
blanche devint une marque de racisme, et le racisme devint l’équivalent
fonctionnel de l’hérésie aux plus belles heures de l’inquisition espagnole.
« Les Américains de tous
milieux, écrit Caldwell, se mirent à parler des moindres choses comme s'ils
risquaient de voir leur vie détruite pour avoir soutenu une opinion erronée. Et
c'était une supposition raisonnable. Au fil des décennies, un Blanc malchanceux
après l'autre voyait sa carrière stoppée net lorsqu'un accès de colère, un
dérapage d'ivrogne ou une phrase imparfaitement calibrée révélait de sa part
des sentiments inappropriés concernant la race, les hommes et les femmes ou la
sexualité. L’hypocrisie était la seule façon pour une personne raisonnablement
désireuse de se protéger de parler en public de questions raciales - et
lorsqu'il s'agissait de droits civiques, tous les lieux étaient publics. »
Aujourd’hui, la logique
implacable de la « lutte contre les discriminations » s’est diffusée
comme un cancer à l’intégralité du corps politique américain et toute
différence statistique entre une « minorité » et la
« majorité » (qui correspond, à toutes fins utiles, aux hommes blancs
hétérosexuels) est interprétée comme la preuve d’une intention maligne, tandis
que la chasse aux pensées impies qui osent encore s’exprimer s’intensifie
presque chaque jour, avec la coopération très active des géants de la Silicon
Valley, tous acquis à l’idéologie diversitaire.
La population blanche mis très
longtemps à comprendre ce qui était en train de lui arriver. Les Américains
Blancs croyaient vivre encore sous l’empire de la Constitution de 1788, selon
laquelle les élections décident des politiques publiques et les élus ont à cœur
de défendre les intérêts de leurs électeurs, et du pays tout entier. Mais cette
Constitution avait été subrepticement remplacée par une autre, selon laquelle
les « droits » des minorités l’emportaient sur tous les autres en cas
de conflit, et où le pouvoir réel reposait entre les mains des juges et des
administrations chargées de protéger ces « droits ». Pour les Blancs
non acquis à l’idéologie diversitaire, remporter les élections était devenu à
peu près inutile : quels que soient les résultats électoraux, le
rouleau-compresseur de la « diversité » progressait et les
marginalisait toujours davantage, érodant inexorablement leurs droits et leur
statut social.
« À partir de l'adoption de
la loi sur les droits civils en 1964, écrit Caldwell, les Blancs ont été «
racialisés » d'une manière qu'ils n'ont jamais vraiment comprise. Ils étaient
les personnes dont la politique américaine ne se souciait pas. Ils étaient
exclus - du moins en tant que plaignants - de la loi sur les droits civils. À
mesure que les droits civils se sont étendus à d'autres groupes que les Noirs,
l'expression « personnes de couleur » a fait des Blancs les seules personnes
ainsi exclues, et a légitimé cette exclusion. En ce sens, les États-Unis
avaient recréé le problème que l’adoption de la loi sur les droits civils avait
pour but de résoudre. Il y avait désormais deux classes de citoyens. »
Mais l’échelle raciale était renversée : les Blancs étaient désormais tout
en bas.
The age of entitlement se
clôt sur l’annonce par Donald Trump de sa candidature à la présidentielle en
juin 2015. Caldwell interprète à l’évidence l’élection surprise du businessman
aux cheveux orange comme le signe que la population blanche a enfin compris ce
qui était en train de se passer. La posture « anti-système » de Trump
et ses assauts répétés et frontaux contre le politiquement correct ont
incontestablement fait son succès en 2016, et sa promesse de « rendre sa
grandeur à l’Amérique » doit être comprise, au sens strict, comme la
promesse d’une restauration : ce que Trump promettait aux Américains qui
l’ont élu, c’est de leur rendre leur pays, c’est-à-dire d’abord leur
Constitution, celle qui, pour la première fois dans l’histoire humaine, avait
établi « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le
peuple ».
Cette restauration, nous le
savons, n’a pas eu lieu, et la victoire de Joe Biden à l’automne dernier
signifie la victoire – peut-être provisoire - des partisans de la nouvelle
Constitution, la Constitution officieuse issue des droits civiques, sur les
partisans de l’ancienne Constitution, officiellement toujours en vigueur.
Tout comme en 1860, au moment de
l’élection d’Abraham Lincoln, le peuple américain semble se trouver divisé en
deux camps irréconciliables, irréconciliables car séparés par des questions de
principe au sujet desquelles aucun compromis n’est possible.
En 1860, les Etats du sud
soutenaient que les « vérités évidentes » de la Déclaration
d’Indépendance étaient en réalité des mensonges évidents, que les hommes
n’avaient pas été crées égaux et que l’esclavage des Noirs était par conséquent
un bien positif. Les Etats du Nord, eux, continuaient à adhérer aux principes
de la Déclaration d’Indépendance et par conséquent considéraient l’esclavage
comme une injustice patente, même si, pour sauver l’Union, la plupart d’entre
eux auraient été prêts à continuer de le tolérer dans les Etats du sud, comme
ils l’avaient fait jusqu’alors. Mais ce à quoi ils ne pouvaient consentir,
c’est à affirmer la moralité de l’esclavage, ce qui est précisément ce qu’exigeaient
désormais les Etats du sud. La guerre, dès lors, était inévitable.
L’Amérique de 2020 parait à bien
des égards une image inversée de celle de 1860. En affirmant le caractère
essentiellement raciste des Etats-Unis, les partisans du régime diversitaire se
retrouvent sur les mêmes positions que les partisans de la sécession, un siècle
et demi plus tôt. Mais là où les seconds en déduisaient le caractère juste de
l’esclavage des Noirs, les premiers en concluent qu’il est juste d’avoir un
système de préférence raciale, dans lequel les « gens de couleur »
ont plus de droits - légaux et extra-légaux - que les Blancs. Face à eux, en
2020 comme en 1860, ceux qui continuent à croire que, tous les hommes ayant été
créés égaux, il est injuste de les gouverner sans leur consentement et la loi
doit être la même pour tous.
Les Etats-Unis peuvent-ils
subsister en étant, de manière permanente, à moitié acquis à l’idéologie de la
diversité et à moitié opposés à cette idéologie ? Les Américains
peuvent-ils continuer à exister en tant que nation indépendante en ayant deux
Constitutions aux principes opposés qui opèrent en même temps et réclament
l’allégeance des citoyens ? Si les mêmes causes produisent les mêmes
effets, la seule conclusion possible est que la guerre est inévitable, comme en
1860. Mais s’il est un enseignement de l’histoire, c’est que celle-ci ne se
répète jamais tout à fait à l’identique. Deux situations en apparence
semblables peuvent en réalité différer par des éléments subtils, mais décisifs,
qui amèneront des conséquences très différentes.
Tout ce que nous pouvons espérer
à l’heure actuelle, c’est précisément que des forces de ce genre soient à
l’œuvre, des forces que nous n’apercevons pas pour le moment, dans le
brouillard de l’actualité, mais qui produiront un dénouement plus heureux qu’en
1860. Il n’est pas clair que Christopher Caldwell lui-même y croit
particulièrement. Mais, par définition, la possibilité d’un miracle – ou de ce
qui a toutes les apparences d’un miracle - ne peut jamais être exclue. Il est
donc toujours requis de notre part de travailler, autant qu’il est en nous, à
le rendre possible. Et la première condition pour cela est assurément de savoir
« où nous sommes, et vers quoi nous tendons. »
Je suis en train de le lire (je commence le chapitre 6), et je vois qu'il est également extrêmement critique de Reagan, et des milieux d'affaires.
RépondreSupprimerTochûde.
Oui, en effet. Sa critique de Reagan est surprenante mais intéressante.
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