Depuis l’élection de François
Hollande à la présidence de la République, tous les commentateurs politiques,
ou presque, ont les regards tournés vers les partis de droite. Comment la
droite française va-t-elle se recomposer après cette défaite ? Car recomposition
il y aura, nul n’en doute. Plus spécifiquement : comment l’UMP va-t-elle
se positionner à l’avenir face au Front National ? Droitisera, droitisera
pas ? Accords, pas accords ? Ni-ni ? Oui-oui ? Autre chose
encore ?
Bien que cette sollicitude pour
l’avenir de la droite soit largement intéressée, de la part de commentateurs
pour la plupart solidement de gauche et qui espèrent bien pouvoir jouer
longtemps encore au jeu du « front républicain », les questions
posées sont justifiées. Il est normal que le camp vaincu fasse son examen de
conscience, et qu’il le fasse sans complaisance s’il ne veut pas rester
durablement dans l’opposition.
Toutefois, ceux qui sont assez
clairvoyants ou expérimentés pour éviter de confondre victoire électorale et victoire
idéologique savent que le grand parti de la gauche n’est pas en meilleur état
que le grand parti de la droite. Si l’UMP se demande légitimement ce qu’elle
doit être, quelles idées elle doit défendre, le Parti Socialiste devrait en
faire autant s’il avait un peu de lucidité.
Portés par le rejet du président
sortant et une situation économique catastrophique, les socialistes ont réussi
à faire élire leur candidat au sommet de l’Etat, sans que celui-ci n’ait à
formuler davantage que « 60 propositions » dont le caractère
insignifiant aurait pu faire passer presque n’importe quel discours de Nicolas
Sarkozy pour le sermon sur la montagne. Mais désormais le Parti Socialiste va
devoir gouverner, faire des choix, prendre des décisions qui engageront
peut-être pour longtemps, peut-être définitivement, l’avenir du pays. Le Parti
Socialiste est à la barre, mais où donc sont sa boussole et son compas ?
Où la carte qui lui indiquerait la route à suivre ? Nulle part. Les
socialistes les plus perspicaces le savent déjà, les autres ne tarderont pas à le
découvrir.
La droite et la gauche dites de
gouvernement sont en réalité aussi perdues l’une que l’autre, la seule
différence est que la première ne peut plus faire semblant de l’ignorer, alors
que la seconde pourrait céder à la tentation de balayer les questions sous le
tapis de la victoire électorale.
Parmi ces questions, la plus
cruciale est sans doute le rapport de la gauche aux classes populaires. Depuis
son apparition - pour simplifier, disons à partir de 1789 - la gauche française
s’est défini elle-même comme le parti du peuple, au sens sociologique du
terme : la force politique dont la vocation est de défendre les petites
gens, les sans-grades, les oubliés ; la force politique vouée à
« l’émancipation » des travailleurs, à la « transformation de la
société » au profit de ceux qui sont censés en avoir été jusque là les
victimes. Mais il n’est plus possible aujourd’hui d’ignorer que la gauche ne
séduit plus les catégories populaires, pire, que ces catégories se tournent de
plus en plus vers ce qui, pour les partis de gauche, est à peu près
l’équivalent politique de Lucifer, Belzébuth et Astaroth réunis, à savoir le
Front National.
Or il est évident que, à terme,
la gauche ne peut pas plus survivre à une telle désaffection que ne le pourrait
l’Eglise Catholique à la révélation que Jésus était un imposteur.
Par conséquent, les partis de
gauche, et en premier lieu le Parti Socialiste, devront impérativement résoudre
dans les quelques années qui viennent la question de leur rapport au peuple.
Deux options se présentent :
tenter de reconquérir le peuple français, ou bien trouver un peuple de rechange.
La seconde voie est symbolisée par le think-tank Terra Nova et son rapport désormais célèbre : « Gauche,
quelle majorité électorale pour 2012 ? ». Cette option est la plus
connue, notamment de la droite, car elle est la plus provocante. Elle est donc
celle qui a suscité le plus de critiques. Mais il importe de noter que, au sein
même de la gauche, cette option est loin de faire l’unanimité. La résistance à
« l’esprit Terra Nova »
s’est organisée, notamment autour d’un collectif intitulé La gauche populaire, qui réunit des chercheurs et des militants et
dont le but avoué est de réconcilier le Parti Socialiste avec les catégories
populaires. Le retour au peuple est son mot d’ordre. Le membre le plus connu de
cette « conjuration » - le terme est employé par les intéressés
eux-mêmes - est probablement Laurent Bouvet, professeur de Sciences Politiques
qui fut aussi membre du parti socialiste de 1988 à 2007, rédacteur en chef de La Revue Socialiste pendant près de dix
ans, secrétaire général de La République
des Idées, bref à la fois un universitaire ayant pignon sur rue et un
« homme de gauche » au pédigrée impeccable.
Laurent Bouvet a publié au début
de l’année 2012 un livre intitulé : Le
sens du peuple - la gauche, la démocratie, le populisme. Le but immédiat de
cet ouvrage était manifestement d’influencer la campagne menée par le candidat
socialiste, un objectif qui, pour le dire de manière prudente, ne semble avoir
été que très partiellement atteint. Mais les campagnes électorales passent, les
livres restent, et Le sens du peuple
pourrait bien devenir l’ouvrage de référence pour La gauche populaire, et plus largement pour tous ceux qui, à
gauche, ne se satisfont pas de l’option Terra
Nova.
Le sens du peuple se présente comme une « analyse
politologique » de la notion de peuple dans ses diverses acceptions, une
analyse qui mêle l’histoire, la sociologie, et un peu de philosophie politique,
pour un résultat assez représentatif de ce qu’est devenu la science politique
aujourd’hui. On y trouvera donc, par exemple, des développements sur le
« pouvoir du peuple », de l’Antiquité au début du 20ème siècle, ou
sur « le populisme ». Mais, comme le reconnait l’auteur lui-même, le
cœur de son sujet est constitué par le rapport entretenu par la gauche - et
plus spécifiquement par le Parti Socialiste - avec le peuple depuis 1981. C’est
donc sur ce « cœur » que nous allons nous concentrer, en laissent de
côté les autres considérations qui, pour intéressantes qu’elles puissent être,
paraissent surtout destinées à donner une caution « scientifique »
aux analyses politiques qui intéressent vraiment Laurent Bouvet.
En reconstruisant légèrement ce
qu’écrit l’auteur du Sens du peuple,
on pourrait dire que celui-ci fait un constat, pose un diagnostic, et suggère
des remèdes.
Le constat est simple mais mérite
d’être quelque peu détaillé : le Parti Socialiste n’est plus, depuis assez
longtemps déjà, un parti populaire, ni dans son électorat, ni dans sa
composition, ni dans ses idées, mais ce dernier point appartient plutôt à la
catégorie du diagnostic.
Electoralement d’abord, jusqu’aux
années 1980, le vote ouvrier a été favorable à la gauche. En 1981 le PS dépasse
même le PC dans cet électorat (30% contre 28% au premier tour de la
présidentielle) et devient ainsi « le premier parti ouvrier de
France ». Mais cette apogée est aussi le début du déclin. Dans les années
1980 la composition sociologique de l’électorat PS va se modifier sensiblement,
avec une déperdition dans les catégories ouvriers et employés, et une
progression dans la catégorie des professions intermédiaires et des cadres
supérieurs et professions libérales (catégorie qui inclut notamment les
enseignants du secondaire...). Aux législatives de 1993, le PS n’obtient déjà
plus que 18% du vote des ouvriers. Mais pour Laurent Bouvet, cet
« embourgeoisement » de l’électorat PS (le terme n’est pas le sien)
est avant tout symbolisé par trois dates 2002, 2005, 2007.
Le 21 avril 2002, le candidat du
PS n’obtient que 12% du vote ouvrier et 13% du vote des employés au premier
tour de la présidentielle, et se voit par conséquence privé de la possibilité
d’accéder au second tour. En 2005, le Parti Socialiste se prononce officiellement,
par la voix d’un premier secrétaire nommé François Hollande, pour le
« oui » au Traité Constitutionnel Européen. Mais le traité est rejeté
par les Français et, qui pis est, le « non » l’emporte très largement
dans les catégories populaires. En fait, le pourcentage de vote
« oui » est proportionnel au revenu net mensuel du foyer fiscal ainsi
qu’au niveau d’étude des votants, et seule la CSP « cadres supérieurs et
professions libérales » a majoritairement voté « oui ». En 2007
enfin, pour la première fois sous la 5ème République (si l’on exclut les cas
particuliers de 1969 et 2002 où la gauche était absente au second tour), le
candidat de la droite au second tour gagne la majorité du vote populaire (52%
des ouvriers et 55% des employés).
Entre 2002 et 2007 ainsi qu’entre 2007 et
2012, le PS et ses alliés ont pu se rassurer en remportant les élections
intermédiaires, mais uniquement grâce à une abstention croissante qui touche
avant tout les catégories populaires et épargne les CSP+. L’élection présidentielle
de 2012 ne change pas cette donne, puisque le candidat Hollande n’a attiré que
21% du vote ouvrier au premier tour, contre 35% ( !) pour le Front
National, et que sa victoire au second tour s’est accompagnée d’une abstention
inédite. Une abstention qui battra encore des records lors du second tour des
élections législatives qui donneront la majorité au PS. Depuis plus d’une
dizaine d’années maintenant, il se confirme que la gauche est forte là où le
peuple (au sens sociologique) est faible et qu’elle gagne les élections lorsque
celui-ci s’abstient.
Cet éloignement de la gauche et
des catégories populaires se reflète aussi dans la composition des partis. Le
PS comportait 10% d’adhérents appartenant à la catégorie « ouvriers »
en 1985, et 3% en 2011. A
l’inverse, les adhérents appartenant à la catégorie cadres supérieurs sont
passés de 19% en 1985 à 38%. Le niveau de diplôme est encore plus discriminant
puisqu’aujourd’hui seuls 38% des adhérents au PS ont un diplôme inférieur ou
égal au bac, alors que cette proportion était de 53% en 1983. Par ailleurs, on
note dans tous les partis de gauche une forte appartenance des adhérents au
secteur public : 59% des adhérents socialistes et 70% ( !) des
adhérents au PC ou à EELV. En somme, le Parti Socialiste est devenu le parti
des fonctionnaires et des diplômés de l’enseignement supérieur.
A son corps défendant sans doute,
l’actuel premier ministre, ancien professeur d’Allemand marié à une
professeure, apparait ainsi comme le parfait symbole de ce qu’est aujourd’hui
le PS, en termes électoraux et militants.
Comment ce divorce entre le PS et
le peuple s’est-il opéré ?
Sur le diagnostic Laurent Bouvet
est déjà moins clair que sur le constat, mais il semble possible de dire les
choses suivantes. Selon lui l’oubli du peuple par la gauche résulte de
l’abandon par celle-ci de ses idéaux originels « d’égalité sociale »
et « d’émancipation collective » au profit de ce qu’il appelle une
doctrine « libérale-multiculturaliste ». Autrement dit, et pour le
formuler de manière plus explicite que Laurent Bouvet, les socialistes auraient
renoncé à réguler administrativement l’économie et la répartition des revenus
et auraient en revanche adopté la libération sexuelle (jouissez sans entraves),
la culture de l’excuse (les délinquants sont des victimes de la société) et une
politique de promotion agressive des « minorités » (parité, PACS, célébration
des bienfaits de l’immigration afro-maghrébine, lutte contre les
« discriminations », etc.). Or les classes populaires, en dépit de
tous les efforts de propagande visant à les ouvrir aux bienfaits de la
« diversité » et du « transgenre », restent globalement
attachées à leur terre natale et à leur patrie, à une conception plutôt
traditionnelle des rapports entre les sexes, à l’idée que les criminels doivent
être châtiés à la hauteur de leurs crimes, à l’idée que la préférence nationale
est quelque chose de normal, etc. Et à l’inverse elles resteraient demandeuses
d’un Etat interventionniste en matière économique.
Le PS, en modifiant sa doctrine,
se serait donc peu à peu éloigné du peuple, avant de se retourner contre lui.
Ce mouvement se serait produit en
trois temps. En premier lieu une infusion lente des « valeurs libérales et
libertaires » (les termes sont de Laurent Bouvet) au sein du parti après
mai 1968, de sorte que « les socialistes étaient déjà devenus, dans les
années 1970, des libéraux dans leur ethos
culturel et social, alors qu’ils étaient encore très largement des antilibéraux
en économie. » Ce premier mouvement se fait pour ainsi dire de manière
inconsciente, presque à l’insu des responsables du parti. Puis, second temps,
vient l’accession à la présidence de la République, la mise en œuvre du
programme économique du PS, très vite suivie du tournant de la rigueur, qui
revient en pratique à un abandon en rase campagne de toute la doctrine
économique du PS. Enfin, troisième temps, le PS doit se trouver sans tarder « un
projet de société (de gauche) de substitution » pour compenser et
camoufler le fait que « la politique économique s’éloignait rapidement du
canon en la matière ». Il se tourne alors vers la liberté des mœurs et le
multiculturalisme, qui deviennent ses principaux chevaux de bataille, aidé en
cela par certains événements, comme le surgissement de la « crise des
banlieues » (à savoir les émeutes ethniques de la banlieue lyonnaise au
début des années 1980).
Cette crise des banlieues,
pour employer l’euphémisme officiel, met en effet en scène « un «
nouveau mouvement social » inédit mais dont les revendications et
l’expression correspondaient à la grammaire politique des nouveaux mouvements
sociaux installée dans les années 1970 : primat de la jeunesse, souci des
immigrés, luttes contre la domination, lien dans les sciences sociales avec le
passé colonial de la France... ». Autrement dit il offre une cause
nouvelle et certifiée « de gauche » à un PS déboussolé par l’échec de
son programme économique, et d’autre part « ces émeutes ont été très vite
comprises par le PS comme lui offrant la possibilité d’un débouché sociologique
(et à terme électoral), au moment où il commence à perdre le soutien de pans
entiers des catégories populaires et moyennes qui l’avaient accompagné dans sa
conquête du pouvoir. ». Au moment ou les catégories populaires françaises
commencent à l’abandonner, le PS entrevoit providentiellement le moyen de se passer
d’elles : « Les jeunes « beurs » des deuxième et troisième
génération de l’immigration seront ainsi mobilisés par des organisations telles
que SOS racisme pendant la seconde moitié des années 1980 au soutien du PS et
de François Mitterrand. Une telle mobilisation contribuera à la réélection de
ce dernier en 1988. »
Bien que Laurent Bouvet ne le
dise pas ainsi, il est difficile pour le lecteur de ne pas conclure de son
analyse que les émeutes de la banlieue lyonnaise ont été pour le PS « une
divine surprise ».
C’est à partir de ce moment que
la gauche ne se contente plus de s’éloigner du peuple français mais se tourne
franchement contre lui.
L’adoption du
« compromis libéral-multiculturaliste » aboutit en effet à une
« alliance, plus ou moins objective, entre les élites et les exclus
conclue par dessus le vaste ensemble formé des classes populaires et d’une
large partie des classes moyennes. » Autrement dit, les élites politiques,
intellectuelles et économiques, entreprennent de transformer une partie des
règles du jeu au profit des « minorités » et présentent la facture de
la transformation au petit peuple. Laurent Bouvet en donne plusieurs exemples,
mais trois suffiront ici.
D’une part les réformes de l’éducation
nationale.
Il vaut ici la peine de citer en longueur : « les réformes
scolaires de la gauche dessinent en creux la formule du choix général qui a été
fait pour les grandes politiques publiques, celui d’une double priorité qui a
finit par faire système. D’une part, la préservation d’un système (de qualité)
assurant une reproduction sociale régulière aux enfants des classes moyennes
supérieures dont l’archétype central est la fonction publique enseignante -
cœur de l’électorat socialiste rendu proportionnellement de plus en plus
important dans le vote PS à mesure de l’éloignement des classes populaires.
D’autre part, la promotion de l’égalité des chances et d’une diversité non dite
mais néanmoins objectivée par les discours sur l’antiracisme et sur les
« minorités visibles », par la concentration de moyens
supplémentaires dans des zones territoriales spécifiques dont l’archétype
central est la banlieue ou les « quartiers sensibles » - la
discrimination positive qui reste en droit territoriale rejoignant, en raison
de la concentration des populations d’origine étrangère sur certains
territoires, une forme de discrimination par l’origine ethno-raciale telle
qu’on la trouve aux Etats-Unis, par exemple. Ce double choix illustre
l’enjambement évoqué plus haut des classes populaires et moyennes inférieures
qui n’ont pas la chance de résider dans les zones cibles - des zones d’ailleurs
que ces populations fuient dès qu’elles en ont la possibilité
matérielle. »
En second lieu la question de
l’immigration.
Laurent Bouvet parle à ce propos « d’une alliance
consciente ou non entre une bourgeoisie avide de profits et une gauche
post-soixante-huitarde qui a abandonné les catégories populaires à leur propre
sort. La première a constamment encouragé, pour des raisons économiques de
diminution du coût du travail, l’immigration et l’ouverture des frontières à la
main-d’œuvre étrangère, mais sans vouloir en subir à aucun moment les conséquences
sociales et culturelles, au moment même où elle prônait le « moins
d’Etat ». La seconde n’a eu de cesse de critiquer l’Etat comme dangereux
pour les libertés, comme raciste, sécuritaire, policier et antihumanitaire, et
a fini par considérer les couches populaires qui refusaient de la suivre sur ce
terrain comme un ensemble de « beaufs » racistes et xénophobes
accrochés à leurs privilèges de « petits blancs » (...) Cette
nouvelle illustration de l’enjambement des classes populaires et moyennes par
l’élite en direction de « son » nouveau prolétariat a été construite sans
plus de débats. »
Le troisième exemple est celui de
la construction européenne.
« Dimension clef, car l’abandon de et l’oubli
du peuple ont trouvé dans l’Europe telle qu’elle a été faite dans les années
1980-1990, une forme d’achèvement architectural par le haut. Si l’on s’en tient
aux trois dimensions contemporaines du peuple, la construction européenne,
n’étant ni démocratique, ni sociale, ni, bien évidemment, nationale, pouvait
difficilement être populaire. Elle ne l’a pas été, et elle ne l’est toujours
pas, bien au contraire. (...) Comment, en étant constitutivement favorables à
la régulation publique de l’économie et à une solidarité sociale élaborée,
toutes deux contrôlées démocratiquement dans le cadre national qui les rend
justement possible, les socialistes européens ont-ils pu accepter la
construction d’un espace qui ne soit ni démocratique ni social et dont la
dérégulation marchande et l’abaissement du principe national sont les
fondements mêmes ? »
Laurent Bouvet n’a manifestement
pas la réponse à cette question.
Bien qu’il ne décrive pas la
construction européenne comme un « enjambement » du peuple par
l’élite en direction des minorités, il n’est pas difficile de voir qu’un tel
aspect est bien présent dans l’actuelle l’Union Européenne. Ainsi, par exemple,
la suppression des frontières intérieures, la monnaie unique, la liberté de
circulation et d’installation, profitent essentiellement à ceux qui voyagent et
qui peuvent étudier ou travailler à l’étranger, à savoir les CSP+, tandis que
cette même suppression des frontières rend pratiquement impossible le contrôle
de l’immigration sur le territoire de l’Union Européenne. Les élites profitent
à plein de leurs nouveaux « droits » transnationaux, tandis les
migrants s’installent en masse dans des quartiers populaires qui deviennent
« sensibles » au fur et à mesure de leur arrivée et que fuient peu à
peu les autochtones. Les dirigeants des partis de gauche peuvent se réjouir du
spectacle de cette belle diversité qu’ils ont toujours les moyens de ne pas
fréquenter (et, pour le plus calculateurs, des gains électoraux que cela semble
leur promettre) tout en demandant au petit peuple de bien vouloir faire de la
place aux nouveaux venus, et sans protester s’il vous plaît.
Et bien voilà ! Je vois Laurent Bouvet hier soir chez Taddeï, je me dis qu'il va bien falloir que je me décide à lire son essai, ça m'ennuie un peu, je sens que je vais sans doute procrastiner pour le faire, et, ce matin, dés l'aube, à l'heure où blanchit la rosée, je découvre ce nouveau cycle de conférences d'Aristide qui va me dispenser de la corvée, et je suis tout simplement ravie !
RépondreSupprimerMerci Aristide !
Toujours à votre service, Dixie.
SupprimerSurtout si cela peut vous permettre de poursuivre votre lecture de l'intégrale de Jean-Jacques au lieu de vous disperser dans des lectures dispensables.
De mon côté j'attends avec impatience vos conférences sur Les rêveries du promeneur solitaire.
(Mais dites moi, ne serait-ce pas plutôt "à l'heure ou blanchit la campagne"?)
Ah mais si j'avais mis " campagne" tout le monde aurait vu que j'avais copié, alors que là, non. ;)
SupprimerAristide, un mot, un seul: BRAVO!
RépondreSupprimerCar il faut sacrée dose de courage pour lire ce genre d'essai surtout écrit pas un petit gars de gauche, déjà que programme du ps me donnait la nausée alors ce livre je serais mort.
Oh, courage est un bien grand mot, même s'il est vrai que ce n'est pas le livre le plus sexy du monde. Mais c'est instructif, en un certain sens.
Supprimer"et que fuient peu à peu les autochtones"
RépondreSupprimerMais maintenant il y a Duflot, qui va venir chasser les autochtones là où il se sont réfugiés.
Personnellement, devant cette agression, je ne vois pas d'autre solution pour les zones, les camps de réfugiés, que de faire sécession en refusant les quotas de logements et le paiement des amendes.
Il s'agit là d'une vraie et très importante bataille ...
La Duflot va renforcer ce qui existe déjà, la loi SRU.
SupprimerCette loi est, dans son principe, une loi scélérate, jusqu'alors assez mollement appliquée, mais la gauche va faire tout son possible pour que cette scélératesse devienne une réalité universelle, tout au moins pour l'homme de la rue.
Ceux qui ont de l'argent et les bonnes connexions pourront toujours y échapper. On peut être sûr que Térébenthine n'aura pas à souffrir de la cohabitation avec Mohammed ou Fatoumata. En revanche, pour les gens ordinaires, il va devenir de plus en plus difficile d'échapper à l'enrichissement obligatoire.
Si en France nous avions une droite digne de ce nom cette loi aurait été supprimée depuis longtemps, mais hélas...
En tout cas la première chose à faire pour y résister serait d'élire des maires opposés à la loi SRU, car beaucoup dépend d'eux.
Et bein, on a une belle description de l'évolution du socialisme.
RépondreSupprimerIls modèlent et façonnent leur électorat un peu comme un enfant avec de la pâte à modeler.
En gros, les couches pop' seraient bloquées dans leurs quartiers, car n'ont pas les moyens de bouger, et on leur fait croire que la vie sépare injustement les riches des pauvres. J'ai l'impression aussi que la gauche se préoccupe davantage de son image de marque que de l'efficacité de son action, qui est la pire qu'on puisse connaître.
L'Etat socialo, c'est un peu l'araignée qui cherche le moyen de tisser la meilleure toile possible.
Arf, Bouvet, c'est celui qui a reproché à Millet de ne pas assez parler des victimes de Breivik dans son éloge littéraire.
RépondreSupprimerBref, un politologue qui explique à un grand auteur littéraire comment celui-ci devait se comporter en écriture.
On balance entre l'amusement et le dégoût.
C'est dit et je vais de ce pas lire votre article, cher Aristide.
Je dois avouer que, effectivement, le constat de Bouvet est bon.
SupprimerJe le soupçonne néanmoins d'hypocrisie quand il prétend ne pas s'expliquer l'engouement des socialistes pour l'aventure européenne.
Peut-être devrions-nous le passer à tabac pour lui faire cracher le morceau ?
Voyons Crétinus, vous savez que la violence n'arrange rien :-D
SupprimerCela dit je pense que Bouvet est sincère lorsqu'il s'étonne de l'adhésion sans réserve des socialistes à la construction européenne. De même que je le crois sincère dans son constat. Il l'un des rares intellectuels de gauche qui osent dire publiquement que, peut-être, et sans vouloir vexer personne, l'immigration de masse n'est pas une chance pour la France et que le clampin moyen n'a pas nécessairement tort de se poser des questions à ce sujet.
Evidemment son audace reste très limitée - il est socialiste après tout - et lorsqu'il s'agit d'aborder les solutions il retombe à pieds joints dans le marigot social-démocrate, comme vous le verrez dans la seconde partie.
Hé bien, je me réjouis de prendre connaissance de cette seconde partie et j'en profite pour vous témoigner notre reconnaissance pour ce laborieux travail de pré-digestion que vous avez le courage d'effectuer sur cette vile matière à haute teneur progressiste.
SupprimerJ'ai les boyaux du cerveau relativement sensibles et une ingestion brutale risquerait de déclencher une réaction allergique pouvant parfois entraîner, dans certains cas, des rejets idéologiques violents.
Soyez remercié.
Intéressant, le petit Bouvet, mais toutes ces analyses avaient déjà été faites par Chevènement dans les années 90; je lui souhaite de réussir un peu mieux à se faire entendre.
RépondreSupprimerSinon, sur le pourquoi de l'attachement indéfectible des socialistes à l'UE (ce machin qu'ils appellent "l'Europe"), je crois que la clef principale se trouve dans leur détestation profonde, viscérale, irrationnelle, de la Nation; le capitalisme, ils ne le détestent pas vraiment, le marché non plus (tant que l'Etat continue à leur garantir la sécurité de l'emploi); mais la nation, ça, ils ne peuvent pas encaisser, alors va pour "l'Europe", même si elle n'est pas sociale.
Merci en tous cas pour ce compte-rendu.
Dominique
Oui, je crois aussi que c'est de ce côté là qu'il faut chercher.
SupprimerMais il faut également prendre en compte le fait que l'intégration européenne est un processus qui échappe en partie aux gouvernements nationaux. Un point que Laurent Bouvet semble ignorer.