Une fois bien établi que, selon
les principes républicains, chaque peuple a le droit imprescriptible de décider
si, quand et comment il admettra des étrangers, il reste à déterminer en
fonction de quelles considérations ce droit devra être exercé.
Il existe bien entendu une
multitude de considérations circonstancielles qui peuvent justifier qu’un
peuple exerce son droit à refuser les nouveaux-venus. Les considérations
économiques, par exemple, peuvent être parfaitement légitimes et nulle
communauté politique n’a le devoir de mettre en danger sa prospérité pour
essayer de soulager la misère du monde. Mais le principe fondamental qui
devrait toujours guider une politique migratoire démocratique est le
suivant : le gouvernement républicain existe pour assurer à ses citoyens
les « bienfaits de la liberté », par conséquent le premier devoir de
ce gouvernement est d’écarter et de combattre tout ce qui pourrait mettre en
péril cette « liberté rationnelle », selon l’expression du Fédéraliste.
Soit, mais quel rapport avec
l’immigration ?
Le rapport est le suivant. Pour subsister,
le gouvernement républicain ne requiert pas seulement des institutions et des
lois d’une certaine sorte, il requiert aussi des citoyens présentant certaines
qualités particulières.
Contrairement à une croyance
assez répandue dans certains milieux intellectuels, la démocratie libérale ne
repose pas sur une conception particulièrement « pessimiste » de
l’être humain, ni ne prétend remplacer les qualités humaines par une machinerie
institutionnelle destinée à faire émerger le bien commun du seul jeu des
égoïsmes individuels. Certes, les Constitutions démocratiques modernes, avec
leurs systèmes de checks and balances,
visent à « opposer l’ambition à l’ambition », selon les mots du Fédéraliste, ou à faire en sorte que
« par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir »,
selon l’expression célèbre de Montesquieu. Mais ceci n’est pas le fin mot de
l’histoire.
Le même Publius, qui explique que
la Constitution
des Etats-Unis est destinée à « suppléer par l’opposition et la rivalité
des intérêts au défaut de sentiments meilleurs », écrit dans le numéro 55
du Fédéraliste : « De même
que l’humanité nous offre un degré de dépravation qui nécessite, jusqu’à un
certain point, la circonspection et la défiance, de même on trouve dans la
nature humaine des qualités qui méritent, dans une certaine mesure, l’estime et
la confiance. Le gouvernement républicain suppose plus qu’aucune autre forme
l’existence de ces qualités. Si les tableaux, faits par la défiance politique
de quelques-uns, retraçaient fidèlement le caractère humain, il faudrait en
conclure qu’il n’y a point assez de vertus parmi les hommes pour le self-government ; et que les chaînes du
despotisme peuvent seules les empêcher de se détruire et de se dévorer les uns
les autres. »
Autrement dit, la démocratie
libérale est un régime qui ne peut convenir qu’à un peuple d’un certain type,
possédant, dans son ensemble, certaines convictions, certaines mœurs, certaines
qualités de caractère.
Quelles sont ces qualités de
caractère - ce que l’on appelait autrefois des vertus ?
Elles peuvent être regroupées en
deux grandes catégories : la modération et la combativité. Un peuple ne
peut se gouverner lui-même, être libre au sens politique du terme, que s’il se
compose d’individus capables de se gouverner eux-mêmes au quotidien,
c’est-à-dire de maitriser et d’ordonner leurs passions, d’être tempérants,
frugaux, travailleurs, honnêtes, bienveillants envers leurs concitoyens,
respectueux de la loi et des institutions, bref modérés au sens noble du terme.
Mais ils doivent aussi avoir au fond de leur cœur un profond amour de la
liberté, une fierté républicaine qui, comme les signataires de la Déclaration
D’indépendance, les poussera au besoin à engager « nos vies, nos fortunes
et notre bien le plus sacré, l'honneur » au service de la cause du self-government.
Ce mélange de douceur et de
fierté ombrageuse, d’obéissance spontanée à la loi et de vigilance sourcilleuse
vis-à-vis de ce qui pourrait menacer votre liberté, est évidemment difficile à
obtenir et difficile à conserver. Il est bien des manières de passer la juste
mesure et il est par conséquent inévitable que bien des peuples ne présentent
pas les qualités nécessaires pour se gouverner eux-mêmes.
Les implications pour la
politique migratoire sont évidentes : puisque le caractère des citoyens a
une telle importance pour la préservation du gouvernement républicain, il est
du devoir des autorités publiques de ne laisser s’installer dans le pays que
les étrangers dont l’on peut raisonnablement penser qu’ils présentent les
qualités requises pour participer un jour au gouvernement républicain. Et il va
sans dire qu’à ces considérations qualitatives pourront être ajoutées des
considérations quantitatives sur le nombre de migrants qu’il convient de
laisser rentrer.
Mais, dira-t-on immédiatement,
comment porter un tel jugement sur les qualités de ceux qui se présentent à nos
portes ? Qui donc est capable de lire dans les secrets du cœur
humain ?
La réponse est bien sûr :
personne. Et cependant il est absolument indispensable que les autorités
publiques portent un tel jugement, il est de leur devoir imprescriptible
d’essayer de discriminer parmi les
migrants qui veulent franchir les frontières du pays.
Elles devront donc pour ce faire
recourir à des catégories générales, comme la race, la nationalité ou la
religion. Très exactement ce qu’on fait les Etats-Unis tout au long de leur
histoire et jusqu’à une date très récente.
Lorsque les autorités américaines
utilisaient des catégories générales, comme la nationalité, pour décider qui
serait autorisé à rentrer sur le territoire des Etats-Unis, elles ne le
faisaient pas dans l’idée que tous
les membres de la nation en question étaient aptes ou inaptes à devenir un jour
citoyens de la république américaine. Elles ne pensaient évidemment pas que,
par exemple, tous les Hollandais étaient vertueux et tous les Chinois vicieux.
Mais elles avaient recours à ces catégories grossières parce que les
caractéristiques partagées par un grand
nombre d’individus de telle ou telle nationalité ou de telle ou telle
origine étaient tenues pour susceptibles d’affecter leur capacité à s’assimiler
en tant que groupe à la nation
américaine.
La politique migratoire idéale
serait, bien évidemment, une politique basée sur un jugement strictement
individuel des qualités de chaque migrant. Mais une telle politique est totalement
impossible, par conséquent il est nécessaire, en ce domaine comme en tant
d’autres, de recourir à des « idées générales » qui, comme le
remarquait Tocqueville, « ont cela d’admirables qu’elles permettent à
l’esprit humain de porter des jugements rapides sur un grand nombre d’objets à
la fois ». Ces idées sont imparfaites, elles font toujours « perdre
en exactitude ce qu’elles donnent en étendue », mais nous ne saurions nous
en passer car, « si l’esprit humain entreprenait d’examiner et de juger
individuellement tous les cas particuliers qui le frappent, il se perdrait
bientôt au milieu de l’immensité des détails et ne verrait plus rien. »
Ceci est sans doute assez
difficile à accepter, pour nous qui professons officiellement une sainte
horreur des « amalgames ». Mais un peu de réflexion et de bonne foi
nous amènera à reconnaitre qu’il y a là une loi inflexible de la condition
humaine. Toute loi, quelle qu’elle soit, repose nécessairement sur ce que
Tocqueville nommait des « idées générales » et que nous stigmatisons
aujourd’hui injustement sous le nom « d’amalgames » ou de
« stéréotypes ».
Plus difficile à accepter, en
revanche, est l’idée qu’il pourrait exister quelque chose comme un « caractère
national » et que certains peuples ou certaines communautés pourraient
être, en tant que groupes, incapables d’accéder à la liberté politique. Il
s’agit pourtant là de conceptions très anciennes, qui ont été soutenues par les
plus grands philosophes aussi bien que par les plus grands hommes d’Etat
pendant des siècles, que dis-je ! pendant des millénaires, et qui n’ont
été remisées dans les placards de la pensée que très récemment, et pour de
mauvaises raisons. Non parce que ces conceptions auraient été réfutées, mais
parce qu’elles ont été considérées comme malséantes.
Qu’y a-t-il pourtant
d’extraordinaire et d’inacceptable dans l’idée que, l’homme étant un animal
social et politique, il est affecté dès son enfance par le type d’éducation
qu’il reçoit, au sein de sa famille, à l’école, à l’église, à la synagogue ou à
la mosquée, dans toutes les institutions chargées de l’amener à l’âge
adulte ? Qu’y a-t-il d’extravagant dans l’idée qu’un régime politique
d’une certaine sorte, ordonné autour de certaines conceptions du bien et du
mal, du juste et de l’injuste, du noble et de l’ignoble, tend à inculquer au
plus grand nombre, directement et indirectement, des opinions, des sentiments,
des habitudes, des mœurs, qui sont en conformité avec ces conceptions ? Qu’y
a-t-il d’absurde ou de contraire à notre expérience courante, dans l’idée
qu’une religion d’une certaine sorte tend à produire chez la plupart de ses
adeptes un caractère d’une certaine sorte ? En quoi est-il contraire aux
règles de la logique ou de la psychologie la plus élémentaire que de dire, par
exemple, qu’une religion qui place en son centre l’idée d’un Dieu omnipotent et
qui ne se définit par rien d’autre que sa volonté, efface nécessairement la
notion de libre-arbitre et encourage le fatalisme chez ses adeptes ?
Rien de tout cela n’est absurde,
ni stupide, ni immoral. Rien de tout cela n’est contraire ni à la raison ni à
l’expérience, dès lors que nous gardons à l’esprit qu’il s’agit là simplement
d’idées générales, et que ce qui vaut pour le groupe ne vaut pas pour chacun
des individus qui le composent. Non, cela n’est pas même contraire à l’idée de
l’égalité fondamentale de tous les hommes. Que les hommes soient égaux en
droits naturels ne les empêche nullement de développer certaines opinions,
certaines coutumes, certaines mœurs, qui leur rendent l’exercice de leurs
droits naturels plus ou moins aisé, et même parfois impossible.
De cela les fondateurs des
Etats-Unis étaient intimement convaincus, et eux qui avaient engagé leurs vies,
leurs fortunes, et leur bien le plus sacré, l’honneur, pour les droits naturels
des Américains, n’ont jamais hésité à affirmer que certains groupes humains
n’étaient pas aptes à se gouverner eux-mêmes et, par conséquent, que
l’incorporation des individus issus de ces groupes au sein de la république
américaine n’était pas souhaitable. Ainsi, jusqu’en 1870, seuls les individus
de race blanche pouvaient accéder à la nationalité américaine. Les Indiens
d’Amérique du Nord (les « peaux-rouges ») ne purent accéder à la naturalisation
qu’en 1924, et les Chinois en 1943. Ce n’est que dans les années 1950 que
furent progressivement levées toutes les restrictions basées sur l’origine
nationale.
Avant de condamner comme
« racistes » des générations de législateurs américains, rappelons-nous
tout d’abord que, jusqu’à une date somme toute assez récente,
« Blancs » signifiait en pratique « Européens » et que
l’Europe était le berceau de la civilisation occidentale, c’est-à-dire le
berceau de cette forme si particulière de gouvernement qu’est la démocratie
libérale. Autrement dit, il était raisonnable de penser que seuls des migrants
Européens présenteraient les qualités intellectuelles et morales indispensables
pour devenir un jour d’honnêtes et productifs citoyens de la république américaine.
Toutefois, il est juste d’ajouter
que la préférence pour les migrants d’origine européenne n’était pas toujours
uniquement fondée sur des raisons aussi élevées. Benjamin Franklin, par
exemple, avouait franchement qu’il préférait les immigrants anglo-saxons, car
les autres Européens « sont en général d’un teint basané ».
« Mais peut-être », ajoutai Franklin, « suis-je partial envers
le teint de mes compatriotes, car une telle partialité est naturelle à l’être
humain. » Nous sourions ou nous nous indignons à ce genre de remarque,
mais peut-être devrions nous aussi y réfléchir. Car si, comme il n’est guère
douteux, une telle partialité est effectivement naturelle à l’être humain, cela
n’est pas dépourvu de conséquences politiques, car cette « partialité »
signifie que, toutes choses égales par ailleurs, une plus grande mixité
ethnique aura pour conséquence une diminution de ce que les sociologues
appellent « le capital social », c’est-à-dire la confiance réciproque
et spontanée entre les membres de la société. Ce que constate d’ailleurs la
science sociale contemporaine[1].
Mais éloignons-nous de ces
rivages dangereux et considérons un exemple qui ne peut manquer de nous tenir
particulièrement à cœur : le cas de la France au moment de la Révolution,
vu par un homme d’Etat américain éminent.
Les Français, écrivait Gouverneur
Morris dans son journal, « tentent d’ériger une Constitution Américaine...
sans réfléchir qu’ils n’ont pas de citoyens américains pour soutenir cette
Constitution. » (Gouverneur Morris - « Gouverneur » était bien
son prénom - fut l’un des membres importants de la Convention de Philadelphie
puis s’installa en France pour ses affaires en 1789, où il servit comme
Ministre Plénipotentiaire du gouvernement américain de 1792 à 1794. Morris retourna
aux Etats-Unis en 1798).
« Je désire
profondément », poursuivait-il, « vraiment profondément, le bonheur
de ce peuple inconstant. Je les aime. J’ai de la gratitude pour leurs efforts
au service de notre cause et je regarde l’établissement d’une bonne
Constitution ici comme le principal moyen, sous l’autorité de la divine
providence, d’étendre les bienfaits de la liberté aux millions de mes frères
humains qui gémissent dans les fers sur le continent européen. Mais je ne
m’abandonne guère aux illusions flatteuses de l’espoir, car je ne perçois pas
pour le moment cette réforme des mœurs sans laquelle la liberté n’est qu’un mot
creux. »
Au jugement de Morris, les
Français manquaient, dans leur ensemble, des qualités morales nécessaires à un
peuple libre.
« Chacun s’accorde à dire
qu’il y a ici un total abattement des mœurs, mais cette position générale ne
pourra jamais faire sentir à un Américain le degré de dépravation [des
Français]. C’est avec un matériau si friable que le grand édifice de la liberté
doit être érigé. ... Il y a un principe fatal qui traverse tous les rangs de la
société. C’est la parfaite indifférence à la violation de ses engagements.
L’inconstance est tellement mêlée au sang, à la moelle, et à toute l’essence de
ce peuple, que lorsqu’un homme important et de haut rang rit aujourd’hui de ce
qu’il affirmait sérieusement hier, cela est considéré comme étant dans l’ordre
naturel des choses. ... La grande masse des gens du peuple n’a pas d’autre
religion que ses prêtres, pas d’autre loi que ses supérieurs, pas d’autre
moralité que son intérêt. »
La suite des événements, bien
sûr, a donné raison à Morris puisque la Révolution française, dont les
commencements généreux émouvaient même le raisonnable Tocqueville, a rapidement
sombré dans la guerre, la terreur et la tyrannie.
Il va sans dire que, sur la base
de telles considérations, Morris aurait très probablement conseillé à son
gouvernement de refuser d’admettre les émigrants français si ceux-ci s’étaient
brusquement présentés en grand nombre aux portes des Etats-Unis. Nul
« racisme » ou « francophobie » en cela, simplement une
juste appréciation du caractère de la nation française à cette époque, ainsi
qu’une profonde compréhension des conditions d’existence du gouvernement
républicain.
Morris était bien loin de croire
que jamais les Français ne pourraient bâtir une république semblable à celle
des Etats-Unis. Mais il estimait que les progrès nécessaires à cela ne pourrait
être que très progressifs.
« Du temps est nécessaire
pour amener des esclaves aux bienfaits de la liberté. Du temps. Du temps. De
l’éducation. Mais qu’est-ce que l’éducation ? Ce n’est pas l’instruction.
C’est davantage l’effet de la société sur les habitudes et les principes de
chaque individu, le formant dès l’enfance à se conduire ensuite comme un bon
citoyen et à contribuer à son tour à la formation des autres. Il en résulte que
les progrès vers la liberté doivent être lents. »
Il en résulte également, bien que
Morris ne le dise pas explicitement, qu’il serait vain de croire qu’un
quelconque programme « d’éducation » administré par les autorités
publiques pourrait aisément transformer des immigrants en bons citoyens du pays
qui les a accueilli. Dans la marche vers la liberté ordonnée, la seule qui soit
réellement un bienfait, il n’existe pas de raccourcis.
Pour conclure sur ce sujet, nous
ne pouvons sans doute guère faire mieux que de citer un peu longuement les
propos d’Alexander Hamilton, l’un des trois auteurs du Fédéraliste.
Quelques mots de contexte. En
1800, Jefferson est élu président des Etats-Unis à une courte majorité et grâce
à l’apport décisif des voix des immigrants les plus récemment arrivés. Dans son
premier message annuel au Congrès, Jefferson proposa donc que les étrangers
puissent acquérir la nationalité américaine dès leur arrivée aux Etats-Unis, au
lieu de satisfaire aux quatorze ans de résidence qui étaient exigés à cette
époque. Ce à quoi Hamilton, le vieil adversaire politique de Jefferson,
s’opposa fermement.
Toute ressemblance avec la
situation française actuelle... mais écoutons Hamilton expliquer son opposition
au projet de Jefferson.
« La sûreté de la république
dépend de manière essentielle de l’énergie d’un sentiment national
commun ; d’une uniformité des principes et des habitudes ; du fait
que les citoyens soient exempts d’influences et de préjugés étrangers ; et
de l’amour de la patrie que l’on trouvera presque toujours étroitement lié avec
la naissance, l’éducation, et la famille. L’opinion avancée dans les Notes sur l’Etat de Virginie [le célèbre
ouvrage de Jefferson] selon laquelle les étrangers apporteront généralement
avec eux des attachements pour les personnes qu’ils ont laissé derrière
eux ; pour le pays de leur naissance, et pour ses coutumes et ses mœurs
particulières, est incontestablement correcte. Ils nourriront également des
opinions sur la politique en accord avec le type de gouvernement sous lequel
ils auront vécu ; ou bien s’ils devaient en venir ici à préférer notre
type de gouvernement, n’est-il pas extrêmement improbable qu’ils puissent
apporter avec eux cet amour tempéré pour
la liberté, qui est si essentiel au vrai républicanisme ? »
En conclusion, écrivait
Hamilton :
« Dans la recommandation de
conférer les privilèges de la citoyenneté américaine à tous les migrants
étrangers sans distinction, dès qu’ils sont entrés dans notre pays, se trouve
la tentative de briser toutes les barrières qui ont été érigées pour préserver
un esprit et un caractère national ; et de laisser rentrer les plus
puissants moyens de pervertir et de corrompre à la fois l’un et l’autre. »
En dépit du fait que le parti de
Jefferson ait alors dominé le Congrès, celui-ci se rangea à l’avis de Hamilton
et rejeta le projet du nouveau Président.
Nous le voyons par l’exemple des
Etats-Unis, l’universalisme des Droits de l’homme, le fait de considérer que
tous les hommes sont naturellement dotés des mêmes droits essentiels, n’a
nullement pour conséquence de s’abandonner au cosmopolitisme. Bien loin d’être
incompatible avec une politique migratoire stricte et « discriminante »,
le républicanisme vrai exige au contraire une telle politique. Décourager un
certain type d’immigration, n’accorder la citoyenneté à ceux que l’on a admis
sur son territoire qu’avec parcimonie et prudence, veiller à maintenir et à
promouvoir un esprit et un caractère national, font partie des devoirs
fondamentaux d’un homme d’Etat républicain. Nous le voyons aussi, ceux qui
refusent de considérer de telles questions au prétexte de ne pas
« stigmatiser » ou de ne pas alimenter les passions mauvaises font
preuve au mieux d’ignorance, au pire de lâcheté, et très certainement ne
sauraient être considérés comme de bons républicains. Quant à ceux qui, par
calcul, comme a pu le faire Jefferson dans un moment d’égarement, cherchent
activement à abaisser toutes les barrières à l’immigration et à la
naturalisation, ils ne méritent pas d’autre nom que celui d’ennemi objectif de
la république.
Votre Gouverneur a vu juste sur notre compte. Et comme nous avons encore décadé depuis l'époque à laquelle il écrivait, il n'y a pas 36 solutions : il nous faut un roi.
RépondreSupprimerJe crains de vous décevoir (ainsi que certains autres), mais l'Ancien Régime était déjà mort, ou mourant, en 1789.
SupprimerEt puis pourquoi vouloir un roi lorsqu'on a déjà un Président normal?
Le problème c'est que la notion de peuple n'est pas une notion si simple que cela à manier, ou à cerner, et sa volonté encore moins. A mon avis, il y a bien quelque chose de concret dans le peuple, mais je ne suis pas certain que cela soit de nature à fonder une démocratie libérale. Où est donc le peuple français ? Qui l'a rencontré ? Qui connait sa volonté ?
RépondreSupprimer"There is no such thing as society" disait Thatcher.
Il est incontestable que les limites temporelles et géographiques d’un peuple sont moins assurées que celle d’un individu. Il est facile - en général - de savoir quand nait un individu, quand il meurt, et quelles sont ses dimensions ; ce qui n’est pas le cas pour un peuple. Il y aura toujours une part d’arbitraire dans la fixation de ces limites.
SupprimerMais le fait que les limites d’une chose ne puissent pas être connues avec précision ne prouve absolument pas que cette chose n’existe pas. En fait beaucoup de phénomènes sont ainsi, et comme le dirait Pascal, ce qui est mystérieux ne laisse pas d’être.
Et la démocratie a absolument besoin d’un corps, d’un peuple qui lui préexiste et qu’elle ne peut créer. Pour une raison très simple : la démocratie repose sur le consentement - c’est le contrat social initial. Mais pour que le contrat initial puisse être conclu il est nécessaire de savoir qui devra consentir, et cette question ne peut être réglée par le consentement sans quoi on entre dans une régression à l’infini.
Autrement dit, pour que la démocratie soit possible et puisse survivre, les démocrates doivent nécessairement accepter que les principes démocratiques ne puissent pas régler toutes les questions politiques ni ordonner toutes les relations humaines.
Quand à la fameuse citation de Margaret Thatcher, elle est évidemment polémique. En disant cela elle ne niait nullement l’existence et l’importance des associations humaines, comme la famille et la nation, des associations qui ne peuvent pas simplement être comprises comme le produit de la libre volonté d’individus autonomes. Elle s’opposait en revanche à la « société » des sociologues, celle qui fait disparaitre la responsabilité individuelle, comme dans « c’est là faute à la société ».
Billet PARFAIT ! Que dire de plus ? Merci Aristide !!!!!!
RépondreSupprimerMais de rien voyons.
SupprimerJe suis d'accord avec vous au début surtout quand vous citez Pascal.
RépondreSupprimerPour la suite, cela me semble plus compliqué, cette histoire de contrat social effectivement suppose l'existence d'un peuple dont la volonté s'exprimerait par le vote. En réalité, on voit bien à la lumière de l'histoire de France que le "peuple français" aussi bien que la démocratie française ne sont pas issus d'un processus d'émergence naturel mais ont été influencés de manière décisive par la force et la violence de certains individus et groupes d'individus.
Un précision : la théorie du contrat social ne prétend pas être une description historique de la manière dont les gouvernements ont été formés (sauf peut-être chez Rousseau, mais ça pourrait se discuter). Elle vise simplement à répondre à la question : qu'est-ce qu'un gouvernement légitime? Quels sont ses buts et de quels pouvoirs doit-il être pourvu pour les atteindre?
SupprimerAutrement dit, contrairement aux apparences, elle ne regarde pas le passé mais l'avenir.
J'ai commencé une réponse, mais qui est rapidement devenue trop volumineuse. Du coup, je la mettrai sur mon blog dès que remise en forme.
RépondreSupprimerEt voilà la réponse en question (surtout sur la 1 ère partie de votre article)
Supprimerhttp://wp.me/p3l3sY-51
Je vous réponds sur votre blog.
SupprimerBien que vais je pouvoir écrire sans trop raconter de billevesées après tous ces excellents commentateurs , ouaich!
RépondreSupprimerIl me semble que les Etats-Unis sont une jeune nation qui a été bâtie par une majorité d' immigrants et que notre pays la France a une longue histoire ou les rois ont eu leurs mots à dire pendant plus 16 Siècles, cela laisse des traces et la République née sur les cendres de ces royaumes catholiques aura du mal à changer certaines mentalités malgré un travail de sape de cette chère Education Nationale afin de faire croire aux habitants de ce pays que nous sommes tous égaux.
Si nous étions tous égaux, nous serions tous beaux et intelligents et de la même couleur , on serait tous des Usain Bolt mais surtout pas Ribery ( faut pas pousser mémé dans les orties quand même) mais ce n'est pas le cas alors leur égalité à la con , nos penseurs républicains ils peuvent se la rouler en cône et se la coller profond.
Bien sûr on trouvera toujours des personnes d'origine immigrée qui enrichiront notre société mais ils ne faut pas non plus supporter les vilains accompagnateurs qui viennent avec.
Combien de temps ce pays pourra encore tenir avec une telle gabegie mais je souffle à mes enfants de tout faire pour le quitter et laisser nos crétins de penseurs finir le travail de pourrissement.
Triste constat
Ça va, j'ai pas été trop mauvais
PS: Vous nous imaginez , ressemblez tous à Jegoun, au secours Ribery je suis devenu fou.
Dans un passé pas si lointain, un parent d'élève m'avait fait part de son souhait d'émigrer au Québec, ne trouvant pas d'emploi correspondant à ses espérances en France, et pas d'emploi du tout d'ailleurs…
RépondreSupprimerCa ne se faisait pas facilement ! Il lui fallait prouver au Consulat qu'il avait un projet professionnel qui tenait debout, qu'il avait un casier vierge, qu'il avait un référent canadien et qu'il disposait de l'argent du retour, en cas d'échec.
Il a pu réunir tout ça et il est parti, avec sa famille (sa femme et deux ados).
Je n'ai plus de nouvelles, mais je pense qu'il doit être effaré de l'évolution de l'immigration là-bas. Je ne suis pas certains que tous les Haïtiens et Africains qui débarquent peuvent justifier de tout ce qui lui était demandé il y a une quinzaine d'années…
Je me suis laissé dire que la Nouvelle-Zélande avait une politique plutôt restrictive en la matière. Faut dire qu'ils ont déjà beaucoup de moutons.
SupprimerEt puis c'est beau. Mais pluvieux.