Parallèlement à la formation
d’une nouvelle classe supérieure, basée sur les capacités intellectuelles et de
plus en plus isolée du reste de la population, les Etats-Unis ont vu se former
une classe inférieure d’un nouveau genre. C’est à cette nouvelle classe
inférieure qu’est consacrée la seconde partie de Coming apart.
En dépit du fait que Charles
Murray semble, par la structure de son livre, vouloir placer sur le même plan
l’évolution des classes supérieures et l’évolution des classes inférieures, il
est assez clair que les phénomènes qu’il décrit dans la première et la seconde
partie sont de natures très différentes.
Les classes supérieures perdent
le contact avec le reste de leurs concitoyens et développent des goûts bien à
elles qui confinent au snobisme. Mais les classes inférieures, de leur côté,
perdent les qualités qui leur permettraient d’être des membres honorables et
productifs de la communauté américaine, et même simplement de mener une vie
satisfaisante. Si le risque n’était pas si grand d’être mal compris en
employant ce mot, on serait tenté de dire que les classes inférieures
deviennent vicieuses. Mais le terme « vice » ayant pris aujourd’hui
un sens tellement dérogatoire, il est sans doute préférable de dire que les
habitudes de vie contractées par une grande partie des membres des catégories
les plus basses de la population ont des conséquences proprement
catastrophiques. Ce que décrit Charles Murray dans la seconde partie de Coming Apart n’est rien d’autre qu’un véritable
cataclysme.
Pour faire comprendre à ses
lecteurs la nature du problème, Charles Murray commence par rappeler que le « projet
américain » a toujours présupposé certaines vertus de la part de ceux qui
y participaient. Autrement dit, les fondateurs des Etats-Unis pensaient que la
démocratie était un régime qui ne pouvait convenir qu’à un peuple d’un certain
type.
« Seul un peuple
vertueux », disait Benjamin Franklin, « est capable d’être libre. Au
fur et à mesure que les nations deviennent plus vicieuses et plus corrompues,
elles ont davantage besoin d’un maître. » Un avis qui semble avoir été
unanimement partagé par tous les Pères Fondateurs. « Supposer qu’une forme
de gouvernement pourrait assurer la liberté ou le bonheur sans aucune vertu de
la part du peuple est une idée chimérique », écrivait James Madison.
« La vertu ou la moralité est un ressort nécessaire du gouvernement
populaire », rappelait George Washington à ses concitoyens lors de son
discours d’adieu.
Chacun à leur manière, tous
reconnaissaient qu’un peuple n’est capable de se gouverner lui-même que s’il se
compose d’individus capables de se gouverner eux-mêmes au quotidien. Il ne peut
pas se composer d’individus mus par leurs seules passions et appétits
spontanés, qui ne sont capables de respecter les autres, la loi, et les
institutions nécessaires à un gouvernement libre que s’ils y sont contraints
par la force.
Le fait qu’il soit aujourd’hui
nécessaire de rappeler et d’expliquer longuement cette vérité politique élémentaire
suffirait à indiquer que le projet américain est en péril.
Mais quelles sont, plus
précisément, les « vertus » que les Pères Fondateurs avaient à
l’esprit à propos de la République américaine ?
Charles Murray choisit d’en
retenir quatre, qui lui semblent avoir fait l’objet d’un consensus quasiment
absolu au moins jusqu’au 20ème siècle. Deux d’entre elles sont des vertus
proprement dites, et deux autres des institutions grâce auxquelles sont
inculqués et soutenus les comportements vertueux : l’ardeur au travail (industriousness), l’honnêteté, le
mariage, la religion. Il les appelle « les vertus fondatrices ».
L’ardeur au travail est
probablement la vertu la plus spécifiquement américaine, celle en tout cas qui
frappait le plus les visiteurs étrangers au 19ème siècle.
L’ardeur au travail va très
au-delà de la simple nécessité de travailler pour vivre. Il s’agit plutôt de la
conviction que la vie est faite pour travailler dur afin d’améliorer
continuellement sa condition et celle de ses enfants. Peut-être ne serait-il pas
trop inexact de dire que ce trait de caractère est la forme démocratique de
l’ambition. Et il fût un temps où cette ambition possédait manifestement la
quasi totalité des Américains. Comme le remarquait Tocqueville, entre mille
autres : « Non seulement le travail n’est point en déshonneur chez
ces peuples, mais il est en honneur ; le préjugé n’est pas contre lui, il
est pour lui. Aux Etats-Unis, un homme riche croit devoir à l’opinion publique
de consacrer ses loisirs à quelque opération d’industrie, de commerce, ou à
quelques devoirs publics. Il s’estimerait malfamé s’il n’employait sa vie qu’à
vivre. »
Une conséquence de cette ardeur
au travail quasi universelle était la réticence des Américains à accepter le
secours de leurs semblables. Etre considéré comme un raté, quelqu’un
d’incapable de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, était perçu
comme un honte intolérable. Francis Grund écrivait dans The Americans, in their moral, social, and political relations
(1825) : « Je n’ai jamais connu un Américain de souche demandant la
charité. Aucun autre pays au monde n’a un si petit nombre de gens vivant à la
charge de la puissance publique... Un Américain, embarrassé par ses
circonstances pécuniaires, n’acceptera qu’avec la plus grande difficulté de
demander ou de recevoir un secours de la part de ses proches ; et, dans de
nombreux cas, il dédaignera d’avoir recours à ses propres parents. »
De la même manière que l’ardeur
au travail est plus que le fait de travailler, l’honnêteté est plus que le fait
d’obéir à la loi. L’honnêteté caractérise plutôt la disposition à respecter la loi et à s’y conformer même
en l’absence de toute contrainte. Le ressort de l’honnêteté n’est pas la peur
d’être puni mais le sens de l’honneur, et son corolaire, le sens de la honte.
Un honnête homme estimera honteux de mal se conduire, et ceci va bien
évidemment très au-delà de ce que la loi prescrit. Un homme honnête, par
exemple, ne mentira pas, même s’il y aurait avantage et bien que la loi
n’interdise pas le mensonge. Il y a sans doute bien plus qu’une coïncidence
dans le fait que le premier président des Etats-Unis ait été renommé pour son
intégrité morale, et pendant des générations tous les petits Américains ont
entendu parler de l’épisode du jeune Washington et de sa hachette.
Dans le même temps, la
manifestation la plus claire et la plus immédiatement utile de l’honnêteté est
bien évidemment l’obéissance à la loi et l’aide apportée spontanément aux
agents publics chargés de la faire respecter. De ce point de vue, il existe
quelques raisons de croire que les Américains étaient exceptionnellement
respectueux de la loi. Les quelques estimations quantitatives du taux de
criminalité aux Etats-Unis dans les premières années de leur existence montre
que celui-ci devait être extraordinairement bas. De fait, Tocqueville et
Beaumont expliquaient, dans leur rapport sur Le système pénitentiaire aux Etats-Unis et son application en France,
que l’une des difficultés pour transposer le système pénitentiaire américain en
France était qu’il existait aux Etats-Unis « un esprit d’obéissance à la
loi qui se retrouve même dans les prisons » et qui n’existait pas au même
degré en France.
Le mariage est l’institution de
base de la société, celle sans laquelle aucun système politique, et a fortiori
aucun gouvernement libre, ne pourrait se maintenir durablement. De cela tous
les Fondateurs étaient manifestement convaincus et, jusque dans les années
1960, le mariage a effectivement été une institution remarquablement solide aux
Etats-Unis. Ce qui signifie à la fois qu’il fallait avoir de très bonnes
raisons pour ne pas être marié étant adulte, si l’on ne voulait pas s’exposer
au ridicule et à la réprobation générale, et d’autre part que les Américains dans
leur ensemble considéraient le mariage comme un engagement particulièrement
solennel. Les voyageurs européens attestaient de cette particularité américaine,
à commencer bien sûr par Tocqueville, qui, dans De la démocratie en Amérique, faisait un éloge extrêmement élevé
des mœurs des femmes d’outre atlantique : « Pour moi, je n’hésiterai
pas à le dire : quoique aux Etats-Unis la femme ne sorte guère du cercle
domestique et qu’elle y soit, à certains égards, fort dépendante, nulle part sa
position ne m’a semblé plus haute ; et si, maintenant que j’approche de la
fin de ce livre, où j’ai montré tant de choses considérables faites par les
Américains, on me demandait à quoi je pense qu’il faille principalement
attribuer la prospérité singulière et la force croissante de ce peuple, je
répondrais que c’est à la supériorité de ses femmes. » Plus sobre, mais
non moins approbatif, Francis Grund considérait « les vertus domestiques
des Américains comme la principale source de toutes leurs autres
qualités. »
La religiosité personnelle des
Pères Fondateurs est aujourd’hui encore l’objet d’intenses discussions et des
raisons assez persuasives laissent penser qu’un certain nombre d’entre eux
n’étaient pas d’une piété à toute épreuve, pour dire le moins. Leur défense de
la religion en tant qu’institution indispensable à un gouvernement libre n’en
est que plus remarquable. Sur ce point l’unanimité était aussi forte que pour
n’importe laquelle des trois vertus précédentes.
Dans son discours d’adieu, George
Washington rappelait ainsi à ses compatriotes : « Parmi toutes les
dispositions et toutes les habitudes qui conduisent à la prospérité politique,
aucunes ne sont plus indispensables que la moralité et la religion… et ne nous
abandonnons pas sans précautions à l’idée que la moralité pourrait être
maintenue sans la religion. Quelle que soit l’influence que puisse avoir une
éducation raffinée sur des esprits d’une certaine sorte, la raison aussi bien
que l’expérience nous interdisent d’attendre que la moralité puisse prévaloir
dans une nation sans soutien de la religion. » John Adams présentait le
même argument, de manière plus directe : « notre Constitution a été
faite seulement pour un peuple moral et religieux. Elle est totalement
inadaptée pour le gouvernement de n’importe quel autre peuple. » C’est cet
argument en faveur d’une union nécessaire entre la liberté politique et
l’esprit de religion que Tocqueville présentait à ses lecteurs français dans De la démocratie en Amérique, et qui lui
faisait dire : « La religion, qui, chez les Américains, ne se mêle
jamais directement au gouvernement de la société, doit donc être considérée
comme la première de leurs institutions politiques. »
Bien entendu, la religion que les
Fondateurs avaient à l’esprit en présentant cet argument était la religion
chrétienne. Non pas par adhésion irréfléchie à la religion qui était censée
être la leur, mais parce que le christianisme leur semblait le dogme le plus
adapté, ou le plus adaptable, au gouvernement d’un peuple libre. La République
américaine devait être neutre vis-à-vis des différentes sortes de religion,
mais il est juste de dire que les Pères Fondateurs n’envisageaient sans doute
pas la tolérance et la diversité au-delà des différentes variantes du
christianisme et du judaïsme.
Prises ensemble, ces quatre
vertus forment la base de ce que Charles Murray nomme, avec assez de raison,
une religion civique nationale, religion civique qui fut inculquée aux enfants
américains jusqu’à une date assez récente. Les moyens de cette socialisation
étaient multiples, mais le plus important était probablement l’école, dont la
mission alors n’était pas seulement de donner aux enfants une instruction
élémentaire mais aussi, et peut-être surtout, de contribuer à la formation de
leur caractère en leur inculquant, notamment, les vertus fondatrices. Les
célèbres livres de classe McGuffey
Readers - vendus à plus de 120 millions d’exemplaires entre 1836 et 1960 -
portent abondamment témoignage de cet effort en vue de l’éducation morale des
jeunes écoliers.
Mais, vers le milieu du 20ème
siècle, l’idée que l’école devait systématiquement et explicitement inculquer
les vertus fondatrices avait été abandonnée, ainsi que les McGuffey Readers. Plus largement, l’idée que la république
américaine dépendait, pour son bon fonctionnement et sa préservation, d’un
peuple d’une certaine sorte, avait été remplacée par l’idée que le
fonctionnement d'un régime démocratique est indépendant des qualités morales et
intellectuelles des citoyens qui composent ce régime, et que la seule chose
nécessaire est de faire respecter les lois.
Qu’en est-il aujourd’hui de ces
vertus fondatrices ? Sont-elles toujours pratiquées, et par qui ?
Pour présenter de manière
accessible les évolutions du demi-siècle écoulé, Charles Murray choisit de
décrire deux quartiers résidentiels fictifs : Belmont et Fishtown. Ces
deux noms correspondent à deux quartiers bien réels, l’un dans la banlieue de
Boston et l’autre au nord-est de Philadelphie, mais les Belmont et Fishtown
étudiés dans Coming apart sont
fictifs en ce sens que, à la différence de leurs modèles réels, ils ne
comportent aucune exception : dans le Belmont de Charles Murray tous les
habitants ont un diplôme universitaire et appartiennent aux CSP+, et à Fishtown
tous les habitants sont sans diplôme universitaire et exercent des emplois peu
qualifiés. En 2010, environ 20% des adultes américains âgés de 30 à 49 ans (le
segment de population sur lequel Murray se focalise) présentaient les qualités
requises pour habiter à Belmont, et 30% pour habiter à Fishtown. Belmont et
Fishtown représentent donc le haut et le bas de la pyramide sociale aux
Etats-Unis.
Or ce que l’analyse de Belmont et
de Fishtown révèle, est que le haut et le bas de la société américaine ne
vivent plus dans le même monde du point de vue des vertus fondatrices. Alors
que les habitants de Belmont continuent à pratiquer très largement ces vertus,
les habitants de Fishtown semblent les abandonner chaque jour un peu plus.
A commencer par le mariage, qui,
en un demi-siècle, est devenu aux Etats-Unis la principale ligne de fracture
entre les classes sociales.
Aristide,
RépondreSupprimertoujours très clair et impeccable comme à votre habitude. Vous pratiquez la lecture en Anglais, j'ai pris le parti de lire les romans en Anglais mais de m'en passer pour les essais (mais il est vrai que tout n'est pas traduit). Je voulais savoir a) si vous lisiez au même rythme en Anglais et en Français, si vous saisissiez la totalité du propos b) n'est-il pas trop compliqué de lire votre texte en Anglais en l'annotant et d'en rendre compte en Français. Personnellement, pour a) la réponse est non et b) très compliqué.
Bien à vous.
Sur le fond du propos...je n'avais jamais pensé au mariage comme une institution si importante aux Etats-Unis, mais j'ai l'impression qu'avant, on se mariait pour durer, se reproduire...et qu'aujourd'hui même chez las classes supérieures, le mariage est encore plus qu'avant une vitrine, un miroir de soi et réussir son mariage n'est pas de durer mais de réussir la fête de son mariage, réussir le Jour J...il n'y a qu'à voir toute l'industrie autour du mariage, les robes de mariées, les bachelor parties, les wedding planners...
Vos captcha sont illisibles et inaudibles, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois
Merci.
RépondreSupprimerPour vos deux questions les réponses sont a)oui b)non.
Peut-être penserez-vous que je me vante, mais je vous dis simplement les choses comme je les ressens. A mon avis c'est essentiellement une question d'habitude.
Sur le fond : le mariage est une institution importante partout, pas seulement aux Etats-Unis. Parce que c'est la fabrique première des moeurs, notamment pour les enfants, mais pas seulement.
Ensuite il faut bien distinguer les raisons subjectives pour lesquelles les gens se marient et la contribution objective de l'institution du mariage au bien commun. Que les gens se marient pour faire plaisir papa et maman, pour faire la fête, pour faire comme tout le monde ou autre chose encore, c'est sans grande importance. Ca les regarde. En revanche il est de première importance que les enfants soient - en général - élevés et éduqués par ceux qui les ont engendrés. C'est à ça que sert essentiellement le mariage, ou en tout cas qu'il servait. Secondairement il sert aussi, ou il servait, à faire accéder les hommes (surtout) à la maturité, à l'âge adulte.
Donc oui, durer c'est très important. Lorsque j'étais plus jeune et plus irréfléchi je me gaussais de ceux qui restaient ensemble "pour les enfants". Aujourd'hui je pense différemment.
Bien sûr, du fait notamment des changements intervenus dans la législation, le mariage n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été. Résultat : des légions d'enfants pas ou très mal éduqués, abimés par l'instabilité de leurs parents; des hommes qui sont d'éternels adolescents; et des femmes malheureuses et enragées contre les hommes. O brave new world.
Pour les captcha, çi pas ma fôte m'siou.
Bonjour,
RépondreSupprimerToujours aussi passionnante cette analyse et cet article. Actuellement, je travaille à la rédaction d'une critique de fond sur un livre. M'autorisez-vous à vous citez (reprendre les citations des Pères fondateurs)? Cela me paraît tellement pertinent et cohérent avec Heinlein, que du coup son récit prend une dimension nouvelle.
Je partage entièrement votre analyse sur le mariage.
Un clin d'oeil :
http://www.amissingamerica.com/wp-content/uploads/2012/06/brave-new-world.jpg
et
http://www.huxley.net/
Mais oui bien sûr, citez tant que vous voulez, c'est libre de droits.
Supprimer"pendant des générations tous les petits Américains ont entendu parler de l’épisode du jeune Washington et de sa hachette"
RépondreSupprimerHé bien moi, à titre personnel, c'était tout jeune en regardant une "soirée Tex Avery" sur France3, un soir de décembre.
(A l'époque, c'était encore "FR3" et il y avait les "Jeux de 20 Heures"... à vingt heures.)
Je n'y avais plus pensé, à cette histoire de hachette, avant ce soir.
Bon, je vais achever mon syndrome proustien avec un bon verre d'humagne, et à votre bonne santé, Aristide.
Hé, je crois que je vois à quoi vous faites allusion et que, moi aussi, c'est à cette occasion que j'ai entendu parler pour la première fois de cet épisode de la vie de "George".
SupprimerVous aviez donc FR3 au fond de vos alpages?
Ah, nostalgie...
Hé oui, même au fond des alpages, nous captions FR3 (en noir et blanc, papa et maman Cretinus achetèrent une télé couleurs bien plus tard).
SupprimerJe ne ratais jamais un épisode de "Il était une fois l'Homme" à 19h55 et après je regardais les Jeux de 20H. Logique.
J'étais fan de Maitre Capello et de son "Mot le plus long". Un jours, un participant proposa le verbe "enc..." et le Maître, sans se départir, déclara :
"Ah oui, c'est l'anagramme de Lucerne, ville suisse."
Pourquoi je vous raconte tout ça, moi ?
Ah oui ! J'ai retrouvé le Tex Avery avec le passage dédié à George Washington :
http://www.youtube.com/watch?v=TSpVUMqcijU
(Dés 2:00)
Yes! C'est celui-là.
SupprimerEn plus en le regardant, j'ai saisi des choses qui, évidemment, m'avait échappé étant enfant, comme la prononciation "vieil anglais" : Is it thou?
Hum, coulds't be...
Merci!
Je pense que le gouffre grandissant qui sépare le fond culturel entre les classes illustre bien là la nocivité de l'état-providence. En permettant l'avortement, il a rendu plus accessible le sexe, les femmes n'obligeant plus les hommes à se marier pour permettre les relations sexuelles. Les affaires sexuelles extra-conjugales et les divorces se multiplient pour cette raison, la monoparentalité aussi. Cela affecte davantage les classes inférieures. L'érosion de la religion et du mariage affecte davantage les classes les plus pauvres. Elles adoptent des valeurs que les élites n'adoptent pas.
RépondreSupprimerIl faut penser aussi que les lois sont cognitivement exigeantes. Par exemple, des campagnes publicitaires pour sensibiliser au tabac peut dissuader les individus intelligents, mais pas les individus ayant un QI relativement faible. Si l'état-providence s'efforce, par exemple, à responsabiliser les individus à coup de prévention routière, ou du cancer, de la malbouffe, etc., il faut penser là encore que les médias de masse qui atteignent pourtant toutes les classes ne reçoivent pas le même accueil chez les familles de toutes classes. L'action du gouvernement, au lieu d'unir, comme tel était son but, ne fera que désunir. Soit le contraire de l'effet attendu. Un parfait exemple de la loi des conséquences inattendues.
http://blog.turgot.org/index.php?post/Benard-effets-pervers2
http://www.econlib.org/library/Enc/UnintendedConsequences.html
"peut dissuader les individus intelligents" ... à fumer, bien entendu. En gros, les campagnes de préventions n'ont pas ou peu d'effet sur les classes populaires, mais un effet très prononcé chez les élites qui sont plus réceptifs.
SupprimerExactement!
SupprimerJe n'aurais qu'une nuance à ajouter à ce que vous dites : la contraception et la modification des lois sur le mariage et la filiation me paraissent bien plus décisives dans l'érosion des liens familiaux que la légalisation de l'avortement - qui bien sûr joue un rôle.
J'ai lu quelques revues du livre, il semble que Murray estime que l'érosion du mariage a beaucoup affecté les hommes, et que la nécessité du travail est moins ressentie. Ils préfèrent "vivre" de l'Etat-providence. Cette hypothèse n'est pas des plus improbables, surtout si l'on regarde ce qu'il se passez chez les africains. Lisez, page 122.
RépondreSupprimerhttp://analyseeconomique.files.wordpress.com/2012/10/why-nobody-seems-to-know-what-exactly-social-capital-is.pdf
Dans ce cas, je comprends mieux pourquoi il insiste tellement sur l'honnêteté, et qu'il semble également être préoccupé par le déclin de la religion. Le déclin de la vertu n'aide pas les individus à se prendre eux mêmes en charge. Le mariage, qui plus est, encourage les hommes à travailler plus sérieusement. Pour nourrir leurs enfants. Ils ont moins de pression sans enfants à charge.
Sinon, j'ai acheté le livre, c'est 2ème sur votre conseil. Je le recevrais parait-il dans un mois, c'est long. Jugez plutôt.
Items: EUR 12,68
Shipping & Handling: EUR 6,37
Le coût de livraison est une honte. Et encore, j'ai acheté The g Factor de Jensen et c'est encore pire (27,84 euros + 14,71 euros de transport). Heureusement qu'il me reste assez pour manger...
D'ailleurs, c'est l'heure.
Je pense que vous n'aurez pas à le regretter, il contient plein de choses intéressantes, même si ce n'est sans doute pas son meilleur livre.
SupprimerIl est vrai que presque vingt euros en tout cela reste cher. Dans quelques mois je suppose qu'il y aura plus de livres d'occasion.
Mais la nourriture spirituelle avant la nourriture corporelle!