Quel que soit le vainqueur de l’élection
de novembre aux Etats-Unis, nous pouvons raisonnablement nous attendre à un désastre
pour les quatre ans qui suivront, et sans doute au-delà. Un désastre pour les
Etats-Unis mais aussi pour l’ensemble du monde occidental, puisque les
Etats-Unis restent la nation pivot de l’Occident, que cela nous plaise ou non. Certes
le pire n’est jamais certain, mais en ce cas il se rapproche tout de même
sacrément de la certitude.
De notre place, il n’est rien que
nous puissions y faire. Nous pouvons juste essayer de comprendre ce qui se
passe et ainsi augmenter notre intelligence politique.
Pour essayer d’y contribuer, je
vous propose la traduction d’une partie d’un article de William Voegeli paru
dans la dernière livraison de l’excellente Claremont
Review of books. Il s’intitule « Ce qui est en jeu » (what’s at stake) et il vous fera sans doute
prendre conscience que la vie politique américaine n’est pas si éloignée de la nôtre.
Bonne lecture.
Ce qui est en jeu
Les élections ont des conséquences
L’ascension de Donald Trump a été
le développement politique le plus analysé de l’année 2016. Quoi qu’il arrive à
la convention républicaine ou lors de l’élection de novembre, elle sera l’objet
de livres et d’articles pour les années à venir. Une théorie exhaustive serait
prématurée et mal avisée, mais deux observations s’imposent.
D’une part, s’il n’y avait pas eu
Trump, le principal évènement de 2016 aurait été Bernie Sanders. Plus
précisément, l’évènement aurait été qu’un sénateur socialiste du Vermont, âgé
de 74 ans, révèle dans une compétition interne au parti Démocrate à quel point
ce parti, influencé et intimidé par Occupy
Wall Street et Black Lives Matter,
a répudié la « troisième voie » et la triangulation qui étaient la
marque de Bill Clinton. (De la même manière, l’élection de Jeremy Corbyn à la
tête du Parti Travailliste britannique montre à quel point celui-ci rejette
avec véhémence le centrisme favorable au marché de Tony Blair.) Ce qu’Howard
Dean appelait « l’aile démocrate du parti Démocrate » est maintenant,
tout simplement, le Parti Démocrate. Et le parti en est venu à considérer les
succès les plus notables de Bill Clinton – le traité de libre-échange
nord-américain, la dérégulation financière, l’élimination du déficit, la
réforme de l’Etat-Providence, les peines de prison plus longues et plus
nombreuses, avec pour conséquence des taux de criminalité en chute libre –
comme de honteuses trahisons des principes démocrates [liberals – de gauche, sur l’échiquier politique américain] et comme
une lâche capitulation devant le Grand Capital et des conservateurs fanatiques
et sans cœur. Les deux Clinton ont jugé nécessaire de prendre leurs distances
ou de s’excuser pour des réussites dont ils se sont vantés durant vingt ans.
Normalement, choisir comme
candidat la femme de Bill Clinton serait une manière curieuse de répudier
l’héritage de Bill Clinton. Et, en effet, Hillary Clinton a eu plus de
difficulté à assurer sa nomination qu’elle-même et la plupart des observateurs
ne le pensaient. Son triomphe repose en partie sur la chance – un allié qu’il
est toujours utile d’avoir de son côté. Si son principal opposant avait été la
sénatrice Elizabeth Warren plutôt que Sanders, Clinton aurait pu perdre pour la
seconde fois sa nomination « inévitable » comme candidate à la
présidentielle face à un opposant plus convaincant qu’elle, huit ans après
avoir perdu face au premier. Cependant, la raison principale pour laquelle
madame Clinton a réussi à convaincre les Démocrates qu’elle serait la personne
idoine pour défaire ce qu’avait accompli son mari, est la souplesse de
conviction qu’elle met au service de son insatiable ambition. Sa carrière a été
une évolution fluide et continue : acolyte de Saul Alinsky puis première
dame de l’Arkansas , tsarine de la réforme de l’assurance-maladie, sénateur
opportuniste de l’Etat de New-York, partisan de la guerre en Irak puis opposant
de la guerre en Irak, soutien du Partenariat Trans-Pacifique puis adversaire du
Partenariat Trans-Pacifique, détracteur d’Obama et défenseur d’Obama. Durant ce
parcours elle a fait clairement comprendre que son radicalisme, son libéralisme
ou son centrisme était à chaque instant au service de son carriérisme.
Convaincue de son destin et de son aptitude particulière pour occuper de hautes
fonctions, elle dira ou fera tout ce qui est nécessaire pour l’y amener. Son
slogan inepte et creux pour sa campagne présidentielle de 2008, « Je suis
là pour l’emporter » (« I’m in
it to win it ») traduit parfaitement l’essence de sa philosophie
politique. Toutes ses autres convictions sont variables, mais la croyance
d’Hillary Clinton en elle-même est inébranlable.
Maintenant que la girouette
politique tourne vers la gauche – sans aucun doute pour son parti, et peut-être
pour le pays tout entier – elle en fait autant. Si elle est élue, sa tâche sera
d’inventer un post (Bill) Clintonisme qui sera aussi dans une large mesure un
anti-clintonisme. Le processus devrait être intéressant, malaisé, et
révélateur. L’année dernière, madame Clinton s’est énervée lors d’une interview
radiophonique après que le journaliste ait essayé à plusieurs reprises, et sans
succès, d’établir si son opposition pas si lointaine au mariage homosexuel avait
été le fruit d’une conviction sincère ou bien si elle avait été la conséquence
du fait qu’elle pensait, à l’époque, que c’était ce que réclamait la
conjoncture politique. La meilleure explication de sa colère face à une
interrogation de ce genre est qu’elle ne reconnait pas, ou peut-être même ne
comprends pas, la différence qui peut exister entre des convictions sincères et
des convictions politiquement utiles.
En ce sens, le démantèlement du
Clintonisme version années 90 par les Démocrates en général, et par les Clinton
en particulier, confirme que la Troisième Voie n’a jamais été autre chose
qu’une manière de suivre la Première Voie, la voie progressiste qui va de
Woodrow Wilson, Franklin Roosevelt, et Lyndon Johnson à George McGovern, pour
la campagne duquel les Clinton ont travaillé en 1972. Il est désormais clair que
les compromis politiques et la rhétorique à propos de la fin de l’ère du Big Government n’étaient que des
concessions pratiques, adoptées uniquement pour des raisons de nécessité
politique.
Ainsi, bien que le Nouveau
Clintonisme promette de répudier et de liquider le Vieux Clintonisme, c’est en
réalité toujours le même Clintonisme. Il n’y a pas eu de changement de
convictions, juste un changement de tactique. Le Clintonisme consistait
autrefois à défendre les réussites libérales et à gagner de nouvelles victoires
pour le libéralisme en faisant des concessions au Reaganisme, jusqu’à admettre
que certaines critiques conservatrices du projet « libéral »
[toujours au sens américain du terme] avaient quelques mérites. Le Clintonisme opère
désormais dans l’idée que, politiquement, le Reaganisme est épuisé. Par
conséquent, il n’est absolument plus nécessaire, pour les libéraux, de
prétendre qu’ils pourraient apprendre quelque chose ou éviter des erreurs
sérieuses en prenant en compte les arguments des conservateurs. Comme le
proclame le titre d’un livre écrit en 1996 par James Carville, qui fut
conseiller de Bill Clinton, Nous avons
raison, ils ont tort. (Il écrit actuellement une nouvelle version pour
cette année d’élection.)
D’où ma seconde
observation : l’ascension de Trump a davantage justifié que réfuté l’idée
selon laquelle les libéraux peuvent maintenant ignorer tranquillement les
conservateurs et le conservatisme. La force de Trump a révélé, plutôt que
provoqué, la faiblesse du Parti Républicain et du mouvement conservateur (des
entités distinctes mais qui se chevauchent). Les organismes en bonne santé ne
perdent pas spontanément leur capacité à résister aux éléments pathogènes.
Les commentateurs ont expliqué
son succès par le rejet de « l’establishment ». Mais si le GOP avait
un establishment digne de ce nom, des politiciens comme ceux de la vieille
époque qui savaient astucieusement repérer les préférences des électeurs et y
répondre, Trump serait resté ce numéro de saltimbanque sans importance que tout
le monde voyait en lui il y a un an. Le grand et puissant establishment s’est
révélé n’être qu’un groupe d’hommes faibles et naïfs cachés derrière le rideau.
Après tout, les conservateurs croient aux marchés, et le verdict du marché
après les primaires et les caucus partout dans le pays est sans ambiguïté :
une bonne partie de la base du GOP éprouve une aversion intense pour ce que le
parti a à vendre, un produit que les consommateurs auraient dû s’arracher,
selon les leaders de l’establishment.
Ce que veulent ces électeurs, cependant, est plus difficile à discerner,
étant donné qu’ils ont choisi d’exprimer leurs griefs en apportant leur soutien
à Donald Trump, un homme qui génère des prises de position politique de manière
aléatoire. En conséquence, il est difficile de prendre le programme de Trump au
sérieux quand lui-même, à l’évidence, ne le fait pas. Après la tuerie de San
Bernardino, par exemple, Trump a demandé qu’il soit temporairement interdit à
tous les musulmans d’entrer aux Etats-Unis. Cependant, il a immédiatement fait
comprendre que cette interdiction fonctionnerait sur le système de la
déclaration d’honneur : si un demandeur de visa déclare qu’il n’est pas
musulman, alors sa demande sera acceptée.
De tels faux pas seraient fatals
à n’importe quel candidat, mais Trump continue à défier les lois de la gravité.
Il est clair que pour nombre de ses supporters, ses défauts sont ses vertus. Si
votre objectif essentiel lorsque vous êtes dans l’isoloir est de dire « Je
suis fou de rage, et il n’est pas question que je supporte ça plus longtemps, »
il vaut mieux voter pour un candidat odieux que pour un candidat respectable.
Les électeurs qui en sont venus à la conclusion que tous les hommes politiques
sont des faux-jetons hypocrites peuvent avoir confiance dans l’authenticité du
non-politicien Donald Trump : aucune personne capable de se conduire de
manière adulte et courtoise ne choisirait de se comporter comme un tel idiot,
ou ne serait capable de faire semblant de manière aussi convaincante, de
meeting en meeting et d’interview en interview.
Trump ne se présente pas comme
l’adversaire de Reagan, à la manière dont Bernie Sanders et les Démocrates
cette année s’en sont pris à Bill Clinton. Mais le succès de Trump a révélé que
le reaganisme avait moins d’emprise sur l’électorat, y compris l’électorat qui
vote Républicain durant les primaires, que ce que l’on croyait jusqu’alors. Cela
s’explique en partie par le passage du temps : aucun Américain ayant moins
de 50 ans n’est assez vieux pour avoir pu voter Reagan.
Mais cela s’explique aussi par le
désenchantement que produit peu à peu l’inutilité politique. Il apparait que,
au bout de quelques décennies, les hommes politiques Républicains qui exaltent
la mission sacrée consistant à limiter le gouvernement mais qui ne semblent
jamais essayer de le faire avec beaucoup d’énergie – ou, tout au moins, jamais
avec beaucoup de succès – amènent leurs électeurs à se demander s’ils ne
feraient pas mieux de soutenir des croisades moins chimériques. Lorsque même les
fruits pendus aux branches les plus basses, comme le fait de supprimer le
financement du Fonds National pour les Arts, se révèlent hors d’atteinte pour
les échelles républicaines, il devient difficile de continuer à croire que les
victoires du GOP sont d’une importance capitale. Cet état de fait oblige les
Républicains à argumenter que la meilleure raison de voter pour eux c’est de
rendre plus difficile pour les Démocrates de faire tout le mal qu’ils veulent.
Mais « Rejoignez l’équipe déterminée à perdre lentement ! »
n’est pas un slogan très vendeur.
L’une des raisons pour lesquelles
Trump a pu prendre des positions contraires aux programmes républicains récents
sans payer de prix politique pour cela, c’est que les électeurs républicains
disposés à se soucier de telles choses trouvent difficile, après des décennies
de promesses non tenues, d’être intransigeants en ce qui concerne la fidélité
au programme. James Antle, du Washington
Examiner, a décrit Ted Cruz comme un conservateur
« programmatique », qui s’est présenté aux électeurs des primaires en
leur rappelant qu’il s’était engagé sur chacun des points qui se trouvent dans
l’agenda des conservateurs : questions de société, impôts, réglementation,
gouvernement limité, défense nationale. Mais cette liste est essentiellement
une liste de choses qui n’ont pas été faites depuis longtemps déjà et qui ont
peu de chances d’être faites avant encore plus longtemps. Une liste de choses à
faire qui est une liste de vœux n’a pas la capacité à emporter l’adhésion ou à
faire connaitre les convictions essentielles d’un candidat.
Par contraste, Trump et ses
supporters sont, selon Antle, des « conservateurs d’attitude ». Leur
conservatisme se soucie plus de solidarité et de réciprocité que de programmes
et de politiques publiques. Le phénomène Sarah Palin était un précurseur du
phénomène Trump, en ce sens qu’il était difficile de dire à quelles politiques
publiques allaient ses préférences, mais qu’il était en revanche très clair que
ses supporters prenaient un malin plaisir au mépris que lui manifestaient les
journalistes et les universitaires. Les gens qui prenaient de haut Sarah Palin
prenaient de haut ses supporters, et ceux-ci répondaient à ce dédain en se
ralliant à sa candidature et à sa célébrité comme un moyen de provoquer ces
détracteurs.
De la même manière, « les
électeurs de Trump estiment qu’ils ont rempli leur part du contrat social
américain, alors que les autres – les businessmen, les politiciens, les
journalistes, les universitaires – ont violé leur engagement, » selon
Henry Olsen dans National Review. Un
éditorial très commenté de Peggy Noonan interprétait la popularité de Trump
comme une révolte de ceux qui sont « exposés » contre ceux qui sont
« protégés ». Ceux qui sont protégés décident des politiques et des
termes de la conversation civique nationale. Ceux qui sont exposés subissent
les conséquences – et lorsque ces conséquences sont désagréables, ceux qui sont
protégés s’en préservent adroitement. Les professeurs d’université ne perdent
pas leur poste et les gestionnaires de fonds spéculatifs ne perdent pas leurs
clients à cause de la concurrence des immigrés illégaux. Les gens protégés, en
revanche, tirent bénéfice du fait qu’un haut niveau d’immigration permet de
s’offrir à prix abordables les services d’un jardinier ou d’une nounou.
Quoi qu’il se passe à Cleveland,
puis ensuite au mois de Novembre, le conservatisme devra changer. L’un des
défis sera de trouver des hommes politiques qui, à la différence de Palin et de
Trump, savent plaire à ceux qui sont exposés mais possèdent aussi la capacité,
et se donnent la peine, d’élaborer un programme politique sérieux. Le but de la
politique, après tout, c’est de gouverner, pas de faire de la gestion de la
colère.
Mais la colère est réelle, et il
faudra comprendre les points de vue des conservateurs d’attitude. Si les
Républicains, a) choisissent Trump comme candidat et b) essuient une défaite
cinglante au mois de novembre, cela confirmera le soupçon que l’avenir du GOP
implique de ne pas laisser le volant aux supporters de Trump. Mais en même
temps, il est impossible d’imaginer une coalition républicaine qui soit
compétitive si les électeurs de Trump ne sont pas à bord et ont le sentiment
que leurs idées au sujet de la route à prendre ont été vraiment écoutées.
Après l’apparition du Tea Party, en 2009, beaucoup d’hommes
politiques Républicains ont commencé à se décrire comme des
« conservateurs constitutionnels. » Une des leçons de l’ascension de
Donald Trump est que ce changement bienvenu doit aller plus loin. Les
conservateurs constitutionnels ne doivent pas se soucier seulement de la
Constitution écrite mais aussi des qualités essentielles qui font la nation
américaine. Selon l’analyse de Olsen, ce qui inquiète les électeurs de Trump
est « l’incapacité supposée du gouvernement à protéger les Américains
vulnérables contre ce qui menace leur mode de vie. » « L’American Way of Life » peut
sembler un cliché particulièrement éculé, mais l’ascension de Trump signifie
que cette expression possède à nouveau une résonnance certaine.
National Review, le magazine phare du mouvement conservateur, a
consacré presque tout un numéro au mois de février à dénoncer Donald Trump.
Trois mois plus tôt, cependant, le magazine avait offert la plus convaincante
des explications du phénomène Trump, sans jamais mentionner le nom du candidat.
Dans le numéro spécial 60ème anniversaire, l’ancien rédacteur John
O’Sullivan affirmait que la vie politique américaine est certes animée par ses
principes fondateurs, mais que la civilisation du pays repose sur le fait que
« les Américains sont un peuple particulier, avec sa propre histoire, ses
traditions, ses institutions, et une culture commune. » Ce sens plus
large, plus riche, du terme « américain » signifie que les Etats-Unis
ont assimilé des gens venus des quatre coins du monde, non pas seulement en
faisant accepter certaines règles de citoyennetés à des agents libres
partageant un même territoire, mais aussi en les amenant à s’approprier un mode
de vie qui les fait participer à l’héritage en devenir d’un peuple particulier.
L’Amérique « a évolué sous l’influence d’un ensemble particulier
d’idées, » écrivait O’Sullivan, mais elle est bien davantage que cet
ensemble d’idées : « les lois, les institutions, la langue
nationale ; les loyautés, les histoires, et les chansons du peuple ;
et par-dessus tout les « cordes mystiques de la mémoire » dont parle
Lincoln. »
Feu Andrew Breitbart estimait que
« la politique est en aval de la culture. » Ce qui, ordinairement,
est compris comme signifiant que les conservateurs devraient se soucier bien
davantage de façonner les sensibilités par l’intermédiaire de la culture populaire, telle que les films et les
shows télévisés. Remporter tous les débats ne sera d’aucune utilité si ce sont
les libéraux qui racontent toutes les histoires.
Mais la politique est en aval de
la culture dans un sens plus large, un sens anthropologique du mot culture. La
manière dont nous nous gouvernons est inséparable de la manière dont nous
définissons qui nous sommes. Depuis les années 1960, la gauche a martelé que le
seul véritable héritage de l’Amérique était fait de crimes et de brutalités, et
que son seul avenir honorable était celui d’une contrition sans fin. La décence
interdit de s’assimiler à cette société malade, par conséquent le
multiculturalisme impose que chaque groupe ayant des griefs à faire valoir
mérite de fixer de manière unilatérale les termes de son inclusion dans
l’Amérique, en réclamant tous les droits qu’il veut et en n’observant que les
obligations dont il se soucie.
Les résultats directs de la
campagne de Trump seront vraisemblablement très mauvais : un président
Démocrate émergeant d’une élection que les Républicains auraient pu gagner,
avec un Sénat Démocrate, qui garantiront une Cour Suprême Démocrate. En ce
sens, le slogan de campagne de Trump risque fort de devenir une prophétie
auto-réalisatrice : il sera nécessaire de faire en sorte que l’Amérique
soit grande à nouveau après que la présidente Hillary Clinton et la Cour
Sotomayor auront pu agir à leur guise. S’il existe un rayon de lumière dans ce
ciel très sombre, il réside dans le fait que la nécessité de garder les
électeurs de Trump au sein de la coalition Républicaine aidera les
conservateurs à trouver en eux-mêmes une volonté renouvelée et des paroles plus
persuasives pour réfuter le discours de la gauche au sujet de la dépravation de
l’Amérique. Les conservateurs trouveront de meilleures réponses en méditant
plus profondément ce qui fait que l’Amérique est grande et ce qui fait qu’elle
est l’Amérique.
William Voegeli